Ces épaves céderont-elles un jour le passage ? Si elles venaient à le faire, ce ne serait apparemment pas pour bientôt. Le déséchouage des navires nécessite de gros moyens que l'on ne consent pas à mettre dans des épaves irrécupérables. La réglementation maritime l'exige, mais pour les épaves qui sont un danger, surtout pour les petites embarcations de pêche. C'est dans cet esprit qu'ont été déséchoués le Béchar et le Batna, les deux navires qui ont échoué dans les eaux d'Alger en novembre 2004. La remontée de l'épave du vraquier Batna (25 000 tonnes), par une entreprise espagnole, a pris de longs mois, pour un coût de près d'un million d'euros que l'on a amorti par le produit de la cession de l'épave vendue à une entreprise syrienne. Les épaves de Béjaïa ne seront pas remontées. Elles ne valent pas un sou. Aucun des pêcheurs que nous avons interrogés n'a souvenir de l'année des naufrages. Celles de Bougie-Plage, qui semblent répondre présentes en gardant leurs mâts levés vers le ciel, sont restées apparentes depuis de très longues années. Fragilisées par les eaux salées. « Elles sont loin de la zone de pêche », précise Hafid Belaïd. « Il y a cinq ans, un vieux bateau qui encombrait le port de Béjaïa a été élagué pour le faire exploser et le couler au large », nous raconte-t-on. C'est la cinquième épave qui habite les eaux sous-marines de Béjaïa.