La commission chargée du contrôle des élections pour le renouvellement du Barreau d'Alger exclut, dans un communiqué rendu public jeudi dernier, l'existence d'un soupçon de fraude dans le déroulement du scrutin du 6 janvier. Ces mêmes élections ont été annulées, rappelle-t-on, par cette commission présidée par le bâtonnier Laouar Ali Ammar. Il est précisé dans le communiqué que la décision d'annulation de ces élections a été motivée par le fait que « la commission n'a pas pu prendre connaissance des documents administratifs devant servir à valider le scrutin », rejetant par là même « les injustes accusations portées à l'endroit de l'organisation de ces élections ». Nombre d'avocats se disent « surpris » par ce communiqué. Certains d'entre-eux iront même plus loin en dénonçant la décision « unilatérale » prise par la commission qui fixe la date de la réorganisation de ce premier tour pour le 27 janvier. Me Chelouche Belgacem, candidate à ces élections, nous dira : « Nous n'étions pas informés ni associés à cette démarche. Le communiqué a été, semble-t-il, fait à la hâte. Or, normalement, ils devaient au moins consulter les 200 candidats. Je dirais que cela est injuste. » « Les prétextes inutiles » Me Chelouche nous invite à jeter un regard sur l'article 116 du règlement intérieur de la profession pour en savoir plus. « Dans cet article, il est stipulé que les élections doivent être organisées dans la sérénité et qu'il n'y ait ni tapage ni perturbation. Or, de telles conditions ne sont pas réunies actuellement. Pourquoi ne pas attendre après l'Aïd pour les tenir convenablement. Surtout que la commission peut continuer à organiser la profession », souligne-t-elle. Un autre avocat qui a requis l'anonymat s'étonne devant les « prétextes inutiles » de la commission. « S'il n'y a pas réellement de fraude, pourquoi ont-ils accepté alors d'annuler les élections ? Il faut, au contraire, féliciter ceux qui ont eu le courage de dénoncer ces irrégularités, car, il faut le préciser, c'est pour la première fois que cela a été fait dans la capitale », note-t-il. « Il y a eu plus de 400 attributions de vote qui ont été données à la dernière minute. Le conseil sortant est, sans vouloir l'accuser, responsable de cet état de fait, car c'était lui qui s'occupait de l'organisation. La commission n'a pas obtenu le tableau des avocats, ce qui ne lui a pas permis de contrôler les élections. Comment peut-on expliquer tout cela ? », ajoute-t-il. Pour ce dernier, « le plus important reste tout de même la réorganisation transparente et juste de ces élections dans un climat serein et avec une liste acceptée par tous ». Préférant temporiser, Me Abèche évoque une réunion qui aura lieu aujourd'hui à même de demander des explications sur le fameux communiqué de la commission. De l'avis de nombre d'autres robes noires, le conseil sortant doit se mettre à l'écart et ne pas se mêler de l'organisation de ces élections en donnant toutes les prérogatives à la commission pour le faire dans la totale transparence. Dans le cas contraire, certains pensent désormais à tenir des élections parallèles. Ainsi, les robes noires risquent de s'entre-déchirer.