Ensemble, ils ont présenté quelques poèmes des révolutionnaires de la plume, tels que Mustapha Lacheraf, Mohammed Dib, Malek Haddad, Bachir Hadj-Ali, Anna Greki, Jean Amrouche, Jean Senac, Laadi Flici, Jamel Eddine Bencheikh, Kateb Yacine et Djamel Amrani. Il n'en a rien été et pourtant la richesse du répertoire poétique de ce dernier n'est plus à démontrer. Il est vrai que les récitals poétiques n'ont jamais drainé de grandes foules mais tout de même… La soixantaine de curieux s'est littéralement régalée pendant plus d'une heure en tendant l'oreille aux paroles de celui qui incarne à lui seul la grandeur humaine. Djamel Amrani, récipiendaire du prix Pablo Neruda (2004) et du prix des libraires algériens (2004), a saisi l'occasion pour revenir sur l'engagement des guérilleros de la verve et du verbe de l'armée des paysans sans terres pendant la période coloniale. Engagement qui s'est traduit par la plume pour dire la liberté, la paix, la révolution et les tourments d'un peuple. «A cette l'époque, la poésie n'était pas le fruit d'une recherche, elle était l'expression du vécu de notre peuple, le verbe est intronisé dans l'irrationnel et le réel», a expliqué Djamel Amrani. «Le poète ne cherchait pas à tranquilliser, il explosait», a-t-il dit encore. Les mots qui se dégagent de la bouche du poète ont une signification encore plus lourde lorsqu'il parle de l'épopée coloniale, car ce dernier fut torturé à la villa Susini par les paras de Massu, et trois membres de sa famille, dont son père, furent assassinés en l'espace d'un mois. L'autre belle rencontre dans le cadre du cycle des festivités du 1er Novembre s'est fait à travers le personnage de Fatma, femme de ménage dans un ministère qui vit dans la misère et subit les injustices et les archaïsmes de notre société. Un monologue écrit et interprété par Mohamed Benguettaf, directeur du Théâtre national d'Alger, qui, rappelons-le, est l'hôte, ainsi que Djamel Amrani, du festival du monde arabe de Montréal qui se déroule en ce moment et ce jusqu'à la fin du mois.