On se dirait plutôt comment un homme de cette carrure intellectuelle à l'histoire personnelle aussi passionnante que bouillonnante ne puisse pas trouver sa chance au pays de l'Oncle Sam ? L'écrivain Obama étale tout au long du livre au titre très évocateur l'audace d'espérer son talent d'orateur et de rassembleur qu'il a été durant ses huit années en politique. Il y propose ses réflexions politiques et philosophiques qui, pour simples qu'elles puissent paraître, n'en sont pas moins originales dans une Amérique en plein doute. Et c'est précisément un travail d'introspection collective sur les ratés de la politique américaine et les chemins du salut qu'entreprend Obama, avec cette précision toute de modestie qu'il ne dispose pas de la baguette magique. Morceau choisi : « …Je ne propose aucune théorie unificatrice de gouvernement et ces pages ne constituent pas un manifeste pour l'action, avec courbes et graphiques et plan en dix points. Ce sont plus de modestes réflexions personnelles fondées sur des valeurs et les idéaux qui m'ont fait entrer en politique, sur la façon dont notre discours actuel nous divise sans nécessité… ». Sa tentative — désormais réussie — de diagnostiquer l'Amérique et la thérapie qu'il suggère pour la guérir de ses démons hégémoniques et de ces « guerres inutiles », y est agrémentée de petites histoires et d'anecdotes souvent croustillantes, parfois douloureuses qui ont accompagné le cheminement politique et intellectuel de Barack Obama. On comprend mieux comment ce jeune Noir américain, qui aurait pu suivre une brillante carrière d'avocat ou de professeur de droit dans une célèbre université américaine, a brusquement changé son destin. Droit dans ses bottes, Barack Obama a caressé le rêve fou et entrepris le chemin sinueux qui allait le mener à la Maison-blanche. L'audace d'espérer, prend là toute sa signification. Le « Yes we can » également. Le compliment prémonitoire de Bush L'auteur raconte la première fois où il s'est retrouvé en face de l'édifice le plus célèbre des Etats-Unis : La Maison-Blanche. C'était en 1984. Alors qu'il travaillait pour un organisme associatif du campus de Harlem, au city College de New York, il avait fait signer une pétition contre le projet de Ronald Reagan de réduire l'aide aux étudiants. Ce fut son premier acte politique contre les républicains. Il devait donc venir à Washington pour remettre le texte de protestation à un sénateur de New York. Sitôt le travail accompli, le jeune avocat, fraîchement sorti de Columbia, fit un tour à la Maison-Blanche en simple touriste émerveillé par l'architecture de l'édifice. Mais pas seulement… Il y reviendra en 2004, mais cette fois reçu officiellement par le président des Etats-Unis, George Bush, après son élection au poste de sénateur de l'Illinois. Barack Obama raconte sa grosse frayeur quand il a été invité par le président Bush de le rejoindre pour le présenter à sa femme Laura. « J'étais en train de manger et en allant serrer la main du président, je craignais d'avoir des miettes sur la bouche… » Finalement, il a eu droit à un compliment très prémonitoire de la part de George Bush : « M. Obama, vous avez un avenir brillant et même très brillant devant vous… », lui a-t-il dit. Et c'était bien vu, puisque Barack Obama a gravi les échelons et revu ses ambitions à la hausse jusqu' à lui succéder au bureau ovale. Mais avant de frapper à la porte de la Maison- Blanche, Obama a entrepris sa marche vers le pouvoir dans les travées du Sénat aux côtés de monstres politiques comme Ted Kennedy, John Mc Cain et autres Joe Biden. Encore une anecdote : Un jour, il appela sa femme pour se vanter d'avoir fait passer une loi réduisant le trafic d'arme, Michelle l'interrompt brusquement lui demandant d'acheter un insecticide… ! Et oui, il y a des cafards dans la maison du sénateur Obama à Chicago ! « Je me demande si John McCain et Ted Kennedy achètent de l'insecticide... », écrit Barack. Voilà comment le jeune sénateur, qui réfléchit sur la meilleure façon de lutter contre les maux qui rongent les Etats-Unis, est rattrapé par le souci de ces petites bestioles chez lui… Mais, animé d'une audace incroyable, Obama continue de batailler contre les cafards et contre le cafard que lui cause les politiques des républicains. Il brocarde aussi le « discours de réaction » des démocrates, incapables de produire des solutions. Et c'est face à ce constat de carence qu'il a pris ses responsabilités pour prêcher une nouvelle idéologie politique. Son leitmotiv : le rassemblement et son objectif : le changement. En vérité, Obama propose juste de revenir aux valeurs ayant fondé les USA. La Constitution, la race, la foi, la famille et les pères fondateurs ont forgé sa façon de voir l'Amérique et le monde. Enfin un homme politique accompli et prêt à relever le défi et imposer le changement. En faisant son jogging quotidien sur le Mall, à la fin de son travail au Sénat, Barack Obama pense invariablement « à tous ceux qui ont bâti l'Amérique. Mon cœur est plein d'amour pour ce pays », fin de citation. Les américains le lui ont bien rendu un certain 4 novembre 2008. Eh oui, il a eu l'audace d'espérer…