Quand l'œil de la caméra se fixe sur la réalité de nos communes, comme par effraction, s'exhume alors crûment la somme des égarements, des négligences coupables, des multiples avanies et des torts infligés. Un seul exemple suffit pour invoquer la règle quasi générale. Il s'agit d'une commune noyée jusqu'au cou par ses problèmes, ses difficultés énormes qui hypothèquent son avenir et tourmentent son présent. Un bidonville hideux dans lequel on s'engouffre pour toucher du doigt une insigne précarité de l'être. Une plaie purulente au cœur même de la capitale, qui s'affiche et s'exhibe. Un urbanisme à ras de terre, répugnant et insupportable, en rupture de ban avec la plus infime logique. Spectacle ubuesque et tragico-burlesque. Une calamité générée par la concupiscence et le laisser-aller. Une population qui vivote dans une espèce de capharnaüm déplorable fait de pistes chaotiques, d'étals désordonnés, d'immeubles qui partent en vrille. Un environnement outragé et gangrené. Dans cette commune à bout de souffle, exsangue et appauvrie, les édiles tentent de se justifier ou de se disculper autant que faire se peut. Mais le mal est fait. Tant de pusillanimité et d'errance laisse des traces indélébiles, des stigmates et des séquelles difficiles à remédier. Qui sème le vent récolte la tempête. Dans cette vadrouille au bout de l'absurde et de l'inconséquence, le constat est édifiant. Il n'y a jamais de bon côté de la gabegie. Ses conséquences sont souvent ruineuses. Tout le problème est d'espérer une prise de conscience, qui puisse au moins pousser à la réflexion. Dans cette plongée à l'intérieur de l'intolérable, il faudra peut-être garder la conviction, même ténue ou illusoire, qu'un jour ou l'autre le bon sens prévaudra.