Le commun des mortels n'est pas particulièrement emballé par la sortie médiatique de Amar Saâdani autour du jaillissement d'un Etat civil qui ne serait plus «l'apanage de l'ANP». Une sortie quelque peu discutable dans la mesure où le peuple algérien demeure profondément reconnaissant à une institution qui a sauvé miraculeusement le pays d'une dérive froidement programmée. Conscient surtout du fait que ce sont des civils qui auront géré les affaires nationales de l'indépendance à ce jour. Des civils dont la gestion opaque n'a jamais fait l'objet d'une expertise et qui n'auront jamais rendu compte de leurs inconséquences et de tous les maux sociaux qu'ils auront engendrés tout au long de leur parcours politique et technobureaucratique. Alors qu'une reconnaissance du ventre s'imposait, certains esprits chagrins ont vite fait d'aller en besogne pour prendre des raccourcis et préconiser que le bébé soit jeté avec l'eau de son bain. Se croyant à l'abri de la vindicte populaire, ils tenteront mais en vain de s'en prendre à des officiers supérieurs de l'armée dont le mérite singulier a consisté, pourtant, à offrir leurs poitrines aux balles et aux déflagrations des bombes pour préserver le socle de l'idéal républicain cher à ce pays, à se retirer dans la stricte légalité. Une autre manière s'il en est de démontrer qu'au niveau de notre armée les avancées sont telles que les choses se sont déroulées le plus normalement du monde au grand dam des forces intégristes, qu'elles soient religieuses et/ou politiques. Bien que quelque peu tardif, le communiqué présidentiel portant sur la réorganisation d'un département autant stratégique qu'emblématique a le mérite de remettre les pendules à l'heure et de protéger des tirs croisés de quelques opportunistes, en mal de popularité, des services dont l'Algérie a tant besoin et pour sa sécurité et pour sa souveraineté. Porté par un communiqué à la pertinence avérée, l'éclairage proposé par le président de la République procède d'une cohérence incontestable et clarifie certaines zones d'ombre rendues quelque peu ténébreuses par une meute de courtisans qui n'arrivent assurément pas à sortir de cette lâcheté de carapace dont ils se sont affublés depuis des lustres. Continuant sur leur lancée, ils ne veulent pas comprendre, une fois n'est pas coutume, qu'il vaut mieux mourir debout au service des aspirations de leur peuple que de crouler sous le poids particulièrement lourd et avilissant de leur pusillanimité. Pour sortir le pays de la crise, Abdelaziz Bouteflika a besoin d'une société politique unie et déterminée à en découdre avec la crise économique et avec toutes les forces capitulardes qui veulent lier le destin d'un peuple à des choix idéologiques et économiques en complète rupture avec ses aspirations. Abdelaziz Bouteflika a besoin d'une très large mobilisation des forces politiques à l'effet d'asseoir l'unité nationale, mais point d'une bande à part déjà dynamitée par les ambitions démesurées et ubuesques de certains de ses animateurs. Si dans notre pays l'imagination et la démocratie sont en panne, c'est parce qu'on a reculé trop longtemps le moment de leur entrée dans le siècle actuel. Il faut passer hardiment, désormais, de l'ère de la représentation à celle de l'action militante. L'Algérie ne saurait se suffire de saltimbanques et de coqs de village. Elle a besoin de femmes et d'hommes aux antipodes des conceptions petites-bourgeoises de prise du pouvoir, capables de donner plus de droits aux citoyens et de reconnaître les spécificités régionales et culturelles sur la base d'une unité nationale intangible, en complète rupture avec le nationalisme inhibiteur et les mirages de l'uniformité.