Il y en a même qui n'ont pas encore ouvert leurs portes, ils chôment.» Ce sont là les paroles d'un oléifacteur, Abdelhamid Bourenane, ancien cadre du défunt Officie régional de l'Est de production oléicole (OREPO) et actuellement gérant d'une huilerie ayant le statut d'une société à responsabilité limitée (Sarl). Située dans la commune d'El Fedjoudj, à 3 km de Guelma, l'huilerie a commencé à recevoir les premières récoltes d'olives le 15 novembre dernier. Actuellement, environ 3000 q d'olives ont été transformés. Selon les prévisions, d'ici la fin du mois en cours, l'huilerie aura fermé ses portes, et transformé environ 4000 q. Lors de la campagne précédente, presque le double de cette quantité avait été triturée. D'après lui, cette diminution de la production est due à plusieurs facteurs. D'abord, il y a le saisonnement, c'est-à-dire que l'olivier «cartonne» une année sur deux, les véritables causes de cette faiblesse dans la production sont ailleurs. Avant cela, relevons au passage le fait que lors des deux saisons agricoles 2001-2002 et 2002-2003, la sécheresse avait fait des siennes, si bien que les olives, et partant l'huile, étaient devenues des denrées rares. Et de citer d'autres facteurs en ces termes : «L'entretien de l'olivier fait défaut, le gaulage cause d'énormes dégâts. Dans le cadre d'un éventuel partenariat avec des Grecs, lequel, soi dit en passant, n'a pas abouti, car ils voulaient beaucoup plus vendre leurs équipements qu'autre chose, lors de leur visite à Guelma, cet été, ils étaient étonnés en voyant nos oliveraies, les qualifiant de forêts, car les arbres n'ont pas fait l'objet de taille pendant plusieurs années. Celle-ci doit être pratiquée chaque année, juste après la récolte». Vrai, dans la wilaya de Guelma, il y a eu une opération de régénération, mais de taille, pas une seule. Ce qui fera dire à certains, que, comme pour le cactus, nous ne rappelons l'olivier que quand il fait des fruits. L'une des causes engendrant la mauvaise qualité de l'huile et la réduction du rendement, c'est le fait de triturer les olives avant leur maturité. A ce propos, les oléiculteurs se défendent en disant que, s'ils les cueillent tôt, c'est pour parer au maraudage. D'autres les stockent longtemps après leur cueillette avant de les triturer, ce qui constitue un autre point noir pour la qualité. Pour Abdelhamid Bourenane, au niveau national, la plus grosse quantité d'olives est récoltée avant maturité. Et il se demande si le fait de passer des spots publicitaires de vulgarisation agricole à 7 h du matin, comme on le fait à l'ENTV, une heure de petite écoute, sert à quelque chose. Evidemment, le prix du litre d'huile d'olive est en fonction de l'importance de la production. Cette année, il varie entre 200 et 220 DA. Une chose encourageante cependant, le nombre d'huileries a augmenté, si bien que le prix de transformation a diminué, atteignant les 500 DA le q. Lors de la campagne écoulée, il était à 600 DA/q. Le rendement en huile, qui dépend de la maturité des olives à la transformation, varie entre 15 et 20l/q. Pour beaucoup de connaisseurs, ce secteur est livré à lui-même. Dans beaucoup d'unités de transformation, les conditions d'hygiène laissent à désirer. Il n'y a pratiquement pas d'emballage pour transporter les olives ou l'huile. Par exemple, on met les olives dans des sacs d'engrais chimiques, ce qui engendre forcément des dangers certains. L'on remarque que n'importe qui vend n'importe quoi, que beaucoup d'intermédiaires, sans registre du commerce, s'adonnent à ce créneau le temps d'une campagne. Aussi il n'est vraiment pas étonnant de constater que l'huile frelatée court les rues. Avec cela, certains parlent d'exportation de leur production, nous dit-on. C'est bien, rétorquent d'autres, mais ce n'est pas évident, le produit ne peut être accepté aussi facilement, car avant cela il faut procéder au raffinage de l'huile, c'est-à-dire traiter sa couleur, les acides qu'elle peut comporter et bien d'autres choses. Par ailleurs, si l'huile d'olive se targue d'avoir des vertus médicinales prouvées, elle n'en est pas moins périssable comme tout autre produit; passées deux années de conditionnement (un bon conditionnement s'entend), elle est impropre à la consommation, selon les normes internationales.