Ainsi du 8 au 13 janvier courant, les halls d'exposition et les deux salles de conférences de la maison de la culture de Tizi Ouzou sont reservés «pour célébrer le nouvel an berbère» avec au programme des conférences-débat animées par plusieurs spécialistes et chercheurs en culture berbère au sujet de Yennayer, ses origines et ses significations : Mohand Akli Haddadou (Yennayer, fête et tradition) et Mansouri Habib Ellah (Origine de Yennayer). Au plan festif, l'association Si Muh U Mhand, coorganisatrice de ces journées de célébration, compte marquer le jour du 1er Yennayer 2955 par un gala où se produiront des noms connus de la chanson algérienne, tels Ideflawen, Abdelkader Châou, Abdelkader Cherchem, El Hadi El Anka et autres. Aussi, le théâtre sera-t-il à l'honneur avec la représentation, par le Théâtre régional de Béjaïa, de la pièce Fadhma n'Soumer de Omar Fetmouche. Pour sa part, le théâtre communal Kateb Yacine a été choisi par l'association culturelle Aghbalou de Tizi Ouzou pour une semaine de festivités, du 9 au 13 janvier. Un programme fait essentiellement de représentations théâtrales avec les collectifs Issegh de Mekla, Amezgoune n'Djerdjer (Imehvas), Azrou Imedyazen, en sus de nombreuses conférences-débat. Signalons que le patrimoine culturel kabyle ne sera pas en reste en cette occasion, tant les espaces d'exposition visités par un public curieux regorgent d'habits traditionnels kabyles, de poterie et d'arts plastiques. Des revues et ouvrages traitant de Yennayer y ont été aussi exposés pour l'occasion. C'est la cas du livre de Saïd Bouterfa, Yennayer – taburt u sgwas ou le symbolisme de Janus (Musk édition- Alger 2002) dans lequel on relève que le jour de Yennayer, marquant la fondation de la 22e dynastie pharaonienne par le Libyen Shasheq, est d'«origine païenne, célébrée par les paysans. Elle est en relation avec le rite agraire», expliquant que «Janus est à la fois un dieu et le gardien des portes solsticiales d'où le nom du mois de janvier». Dans les nombreux villages de Kabylie, le nouvel an berbère est célébré cette année et comme de coutume avec du couscous, accompagné de poulet. Le tout est arrosé d'une sauce composée de sept légumes : pois chiches, haricots, lentilles, carottes, navets, courgettes, pommes de terre. La richesse de la sauce du plat de Yennayer a pour symbolique «le souhait de vivre une nouvelle année porteuse de bonheur, de joie et aussi de beaucoup de richesse pour tous», explique une vieille. A l'heure du dîner du nouvel an, que l'on appelle en kabyle Imensi u segwas, tous les membres de la famille se regroupent autour du savoureux couscous. La mère de famille s'occupe du partage équitable du poulet. Les membres absents ou décédés ont, eux aussi, leur part de viande, pour honnorer leur mémoire. Une veillée autour d'un thé est organisée après le dîner. Dans certains villages, comme ceux d'Iferhounène, des plats de couscous, des beignets «sfenj» sont offerts aux voisins. D'autres célèbrent Yennayer en organisant, le 12 janvier, un repas collectif. Toutes les femmes du hameau participent à la préparation du repas du nouvel an.