Le vocable Yennayer s'apparente au terme latin enneyer (janvier). Il est le plus utilisé dans l'univers culturel berbère. Cette année et exceptionnellement, la célébration coïncide avec la semaine culturelle de la wilaya de Béjaïa. En effet, et depuis hier et jusqu'au 15 janvier, la Maison de la culture Ali-Zammoum est le théâtre de plusieurs plateaux d'animation et de représentations des émissaires de la ville des Hammadites Si la célébration du Nouvel an et de Noël ont une connotation occidentale au sein de la vox populi, la fête de Yennayer, elle, reste un fait ancestral et le signe apparent d'une appartenance ethnique. Yennayer qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année se veut une date qui marque le début de l'année berbère. Le vocable Yennayer s'apparente au terme latin enneyer (janvier). Il est le plus utilisé dans l'univers culturel berbère, même si le Kabyle a tendance à employer parfois «ixf u segwas» (le début de l'année) ou encore «tabburt u segwas». Au milieu de la fronde qui caractérise la wilaya de Bouira depuis le début de la nouvelle année, l'évènement positif reste les préparatifs pour célébrer Yennayer. La célébration héritée de père en fils tend à se rétrécir telle une peau de chagrin. Elle se limitera comme à l'accoutumée à quelques festivités. La direction de la culture de Bouira, en charge d'élaborer un programme sur trois jours vient de rendre publique une première esquisse où il est question de galas dans différents coins de la wilaya. Une nouvelle fois, il est fait appel aux associations locales pour animer ces programmes. Pour le chef-lieu où à un moment il était question de ramener Takfarinas, le programme fait état d'un concert animé par des «artistes professionnels», c'est le qualificatif figurant sur le programme transmis aux rédactions locales. Une source parle de la présence du groupe Rock «Les Abranis». Sur les ondes de la radio de Tizi Ouzou, il est annoncé un concert le même jour mais dans la capitale de la Haute Kabylie. Juste après le concert de Khaled, le 1er décembre passé, les responsables sont montés au créneau pour reprocher à la presse ses écrits sur cette venue. Comme pour calmer les esprits, on annoncera que le directeur de la culture en déplacement à Tamanrasset allait négocier la venue de la star pour ce 12 janvier. Comme pour le premier concert, la presse écrite est méprisée et aucune information n'a été divulguée pour expliquer le camouflet. Pour revenir à Yennayer, sa célébration diffère d'une région à une autre. Dans les villages de la région Est de la wilaya, la journée sera consacrée à la solidarité, à l'échange Le repas, préparé pour la circonstance, est assez copieux et différent du quotidien. Les rites sont effectués d'une façon symbolique. La veille de cette fête, le repas est frugal. Le plus souvent on prépare berkukes, boulettes de farine cuites dans un bouillon léger ou encore «Icacmen», blé en grain préparé au lait ou en sauce. Ailleurs, on ne consomme que du lait ou des légumes secs cuits à l'eau. Pour la préparation de «imensi n yennayer», le Kabyle utilise la viande de la bête sacrifiée (asfel), souvent de la volaille, mélangée parfois à la viande séchée (acedluh) pour agrémenter le couscous, élément fondamental de l'art culinaire berbère. Les différentes sortes de couscous, de crêpes, de bouillies, etc., et les légumes secs les agrémentant apparaissent. Les desserts servis seront les fruits secs (figues sèches, abricots secs, noix, etc.), de la récolte passée, amassés dans de grandes et grosses cruches en terre pourvues d'un nombril servant à retirer le contenu (ikufan). Ce plat traditionnel est aussi un repas de communion. Il se prend en famille. On réserve la part des filles mariées absentes à la fête. On dispose autour du plat commun des cuillères pour signaler leur présence. Cette année et exceptionnellement, la célébration coïncide avec la semaine culturelle de la wilaya de Béjaïa. En effet et depuis hier et jusqu'au 15 janvier, la Maison de la culture Ali-Zammoum est le théâtre de plusieurs plateaux d'animation et de représentations des émissaires de la ville des Hammadites qui donneront à Yennayer une réelle célébration. L'engouement pour le poulet en cette circonstance n'a pas laissé indifférents les bouchers qui ont revu à la hausse leurs prix. Même les restaurateurs ont subitement fait passer le prix d'un poulet rôti de 600 à 700 DA. Bien que le citoyen veuille garder des liens avec son histoire, il y aura comme toujours des opportunistes qui tireront profit de la situation. La «rechta» qui, dans certains foyers, se substitue au couscous, son prix flambe depuis deux jours. Même si Yennayer reste une fête berbère, elle est célébrée dans d'autres régions d'expression arabophone. Les rites sont les mêmes et seuls les plats culinaires diffèrent alors que le couscous reste un dénominateur commun.