Effarant ! Plus de 38 tonnes de résine de cannabis ont été saisies en 2008 en Algérie par les différents services de sécurité impliqués dans la lutte contre le trafic de drogue. C'est ce qu'a révélé hier, à l'APS, le directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), Abdelmalek Sayeh, qui précise qu'« au total 38 037,297 kg de résine de cannabis et 924 398 comprimés de psychotropes ont été saisis en 2008 ». Les saisies de drogue en prévenance du Maroc n'ont jamais été aussi importantes ; elles sont en hausse de 800% en la comparant à celle saisie en 2007 qui ne dépasse pas les 5 tonnes. Ces chiffres expliquent l'inquiétude quant à la consommation de drogue. Le recours aux psychotropes commence également à prendre des proportions alarmantes dans le milieu des jeunes. Les saisies de drogue opérées en 2008 constituent un véritable record ! Lequel record qu'il faudra mettre à l'actif des services de sécurité, particulièrement des éléments des garde-frontières (GGF). Le gros des prises (près de 30 tonnes) a eu lieu près des frontières du sud-ouest du pays, notamment à Béchar. C'est un coup dur porté aux réseaux transnationaux de narcotrafiquants par les services de sécurité qui ont, ces deux dernières années, redoublé d'efforts pour traquer ces criminels qui empoisonnent le pays. La Gendarmerie nationale est sur le pied de guerre depuis l'installation, en 2006, de nouveaux dispositifs de surveillance sur l'ensemble de la frontière ouest du pays. Des moyens humains et matériels conséquents ont été déployés sur les lieux pour juguler ce fléau. C'est connu. L'Algérie est l'un des pays les plus « convoités » par les narcotrafiquants pour expédier leur marchandise en Europe. Le renforcement du dispositif de surveillance à la frontière ouest, particulièrement du côté de la wilaya de Tlemcen, a poussé les narcotrafiquants à ouvrir des pistes plus au sud. Pour l'acheminement de leur « marchandise » commercialisée au Moyen-Orient, les narcotrafiquants optent pour l'axe Maroc - sud de Algérie - Libye - Tunisie. Il arrive aussi que la drogue soit expédiée via les pays du Sahel (Mali, Niger, Tchad et Soudan) avant d'« atterrir » en Egypte. L'énorme quantité de drogue saisie en 2008, renseigne, selon M. Sayeh, sur « les efforts colossaux déployés par l'Etat dans la lutte contre ce fléau ». 7358 affaires traitées Le bilan de 2008, révélé par le président de l'ONLDT, fait ressortir par ailleurs que 716,418 g de cocaïne, 67 g de crack, 109,57 g d'héroïne ainsi que 15,0223 kg de pavot à opium et 77 612 plants d'opium ont été saisis. Au total, 7358 affaires ont été traitées par les services compétents. Pas moins de 1974 affaires sont liées au trafic et à la commercialisation de la drogue, dont 1561 pour la résine de cannabis et l'opium. Le nombre de personnes impliquées dans ces affaires s'élève, selon M. Sayeh, à 10 954 individus parmi lesquels « on dénombre 3003 trafiquants, 7046 usagers de résine de cannabis et d'opium, 485 trafiquants et 298 usagers de substances psychotropes, ainsi que 69 cultivateurs de cannabis et d'opium », a-t-il précisé. La connexion entre l'immigration clandestine et le trafic de drogue ne cesse de s'affirmer. Parmi les personnes interpellées pour trafic de stupéfiants, on a d'ailleurs recensé 121 étrangers dont 23 Nigérians, 15 Maliens, 12 Nigériens, 11 Marocains, 5 Français et 1 Tunisien. Selon le même bilan, 305 personnes impliquées font encore l'objet d'actives recherches. Evoquant la question de la prise en charge des toxicomanes, M. Sayeh évalue à 23 093 les consultations effectuées au cours de l'année 2008 au cours desquelles 5936 personnes ont été hospitalisées. Il a révélé dans ce cadre qu'une politique nationale de prévention et de lutte contre la drogue est en cours d'élaboration pour la période 2009-2013.