Sous-directrice des parcs nationaux et des groupements végétaux naturels à la direction de la protection de la faune et de la flore , Mlle Bessah revient sur les espèces qui peuplent le lac mais aussi sur son rôle touristique. Comment décrivez-vous le lac de Boughezoul ? Le lac de Boughezoul est situé à l'entrée nord du chef-lieu de la commune de Boughezoul (daïra de Chahbounia) à droite de la RN01, allant de Médéa vers Djelfa. Le lac de Boughezoul (plan d'eau du barrage Boughezoul) s'étend sur une superficie de 100 ha et forme une zone humide artificielle dans une région steppique de climat semi-aride. Sur le plan écologique, le site est caractérisé par une végétation herbacée halophile telle que les phragmites, le typha et le tamarix. Il abrite plus de 20 000 oiseaux d'eau hivernants, des espèces classées sur la liste rouge de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), comme l'érismature à tête blanche et des espèces d'oiseaux arrivés à un stade critique de leur cycle de vie, comme la sarcelle marbrée qui niche dans ce site. Le lac de Boughezoul joue aussi un rôle de régulateur et permet de créer un micro-climat dans une zone semi-aride. Sur le plan socioculturel, il est utilisé pour l'abreuvement du cheptel, comme il joue un rôle de site touristique agréable dans la région sud de la wilaya. Quels sont les projets de la DGF pour cette zone humide ? Dans le cadre du projet de classement de nouveaux sites de zones humides sur la liste Ramsar d'importance internationale, une étude de classement du lac de Boughezoul est en cours de finalisation. Pourquoi n'est-il pas classé et que faut-il faire pour proposer un site à la convention de Ramsar ? La procédure de classement d'une zone humide sur la liste Ramsar doit respecter les étapes suivantes : renseigner soigneusement la fiche descriptive Ramsar qui comporte des données climatiques, biologiques, hydrologiques, sociales et économiques, accompagnée d'une cartographie détaillée du site et vérifier que le site répond aux critères de classement sur la liste Ramsar. Ces derniers doivent tenir compte notamment de la diversité biologique du site (oiseaux, poissons…) sur le plan quantitatif (exemple présence de 1% des individus d'une population d'une espèce d'oiseaux d'eau à l'échelle régionale) et qualitatif (présence de population importante pour le maintien de la diversité biologique d'une région). La rareté et l'unicité de type de zone humide, la présence d'espèces vulnérables menacées d'extinction, si le site abrite des espèces végétales ou animales à un stade critique de leur cycle de vie où elle leur sert de refuge dans des conditions difficiles et si la zone humide sert de source d'alimentation importante pour les poissons, de zone d'alevinage ou de voie de migration sont autant de critères pour classer la convention Ramsar. Avez-vous un message ? En sa qualité de point focal de la convention Ramsar, la Direction générale des forêts a mis en place dans le cadre de sa stratégie de préservation et de valorisation des zones humides : l'aménagement de pistes pour le désenclavement de la population et qui sert aussi de piste de randonnée pour les touristes ; la construction de postes d'observation pour le suivi et comptage du gibier d'eau ; la construction et l'équipement d'un centre d'accueil pour l'accueil, l'orientation, la sensibilisation du public et le suivi scientifique ; la plantation fruitière et forestière ; la fixation des dunes ; les actions hydrauliques à même d'assurer une gestion durable de la ressource en eau. Pour la commune de Boughezoul, la construction d'une école est inscrite pour l'année 2009 et d'autres actions sont en cours de formulation et de validation au niveau de la wilaya. En conclusion, compte tenu de son importance sur le plan écologique et socioculturel, la gestion du lac de Boughezoul doit désormais tenir compte de ses caractéristiques dans le cadre d'une gestion concertée entre les différents utilisateurs et gestionnaires des différents secteurs.