Il faut rappeler que depuis la création du parc en 1984 jusqu'à 1996 prévalait une administration sans canevas de référence, autrement dit les réserves étaient alors gérées suivant la volonté, la compétence et l'inspiration de l'encadrement technique. Une vision unifiée pour tous les parcs et réserves du pays est venue mettre un terme à l'improvisation. Depuis, on opère de façon identique au Tassili, le Hoggar, le Djurdjura, Chréa, El Kala et Taza. Sa mise en application pour le PNG a commencé par le maillage de ce vaste massif montagneux s'étendant sur 2080 ha et ouvert sur un trait de côte de 11,5 km. Trois secteurs ont ainsi vu le jour. La première zone, le contrefort ouest, a son siège au quartier dit des 13 Martyrs. Sa principale mission est une activité concertée avec les populations, car 11 villages de l'arrière-pays béjaoui en font partie. La deuxième bande à l'est fait tampon avec l'espace urbain, ce qui lui confère un côté attractif. Son point de rencontre, le Bois Sacré, n'est pas moins qu'un écomusée mais c'est là surtout que l'activité scientifique trouve son champ d'expérimentation. Le troisième secteur est, lui, domicilié carrément dans l'espace urbain, c'est le lac Mezzaïa, intégré au parc en 2001 dans le cadre de la protection et mise en valeur des zones humides. Seize espèces d'oiseaux d'eau ont été recensées, et cette année le comptage d'hiver a mis à jour l'arrivée d'un nouveau locataire, le féligule miloin. La biodiversité de ce lac de 3 ha, à l'origine artificiel, et destiné au départ à la détente et aux loisirs, a motivé un dépôt de dossiers auprès de la direction générale des forêts pour qu'il soit classé site d'importance internationale. Des infrastructures de surveillance et d'études y sont opérationnelles ; ce sont les miradors d'observation et un centre d'interprétation (données théoriques et visites pratiques). Le parc de Gouraya c'est la jonction de la détente et de la nature : les sentiers pédestres (17km), les aires de jeux (3), et de repos (2), les sites touristiques (9), les sites historiques (15) sont la première attraction qui fait découvrir le reste du patrimoine vulgarisé grâce au musée du parc et du centre d'information. Un site d'envergure internationale On y découvre les richesses faunistiques et floristiques. Trente mammifères dont 5 sont marins, 135 espèces d'oiseaux terrestres, 420 espèces d'invertébrés et 211 espèces de poissons, 318 espèces végétales dont 96 plantes médicinales et 285 espèces de flore algale. Le redéploiement dans l'activité de sauvegarde et de développement du patrimoine floristique, faunistique et halieutique prévoit l'inclusion des populations. «Il faut qu'on construise le parc ensemble», dira Ali Mahmoudi, directeur du PNG. A sa création, le parc de Gouraya est entré sans frapper à la porte des populations riveraines. Aucune démarche ne les avait associées à la mise en place des attributions pour qu'elles puissent en percevoir leurs propres intérêts de «gens de la terre». En France, la projection d'un parc nécessite une enquête d'intégration s'étalant sur une dizaine d'années. Il s'était donc agi d'établir le lien avec la sensibilisation à l'agriculture de montagne en favorisant une arboriculture adaptée au type de relief prédominant. En ce sens, 35 ha d'oliviers et 15 ha de figuiers ont été plantés et suivis par une entreprise privée au profit des populations rurales. D'autres variétés accessoires, soient 9250 plants fruitiers, ont été distribuées. L'apiculture n'a pas été en reste : 500 ruches en modules de 20 ont été réparties sur le contrefort ouest. Par ailleurs, 20 km de plants fourragers, 2400 frênes et 1600 caroubiers ont été réalisés au niveau des pistes de Tazeboucht dont les clés ont été remises aux propriétaires. Et pour réduire l'action du sel marin sur ces végétations, 2 km de brise-vent ont été plantés. Enfin, toujours dans ce programme d'intégration des populations riveraines, et en même temps pour les besoins de la faune, il a été procédé à l'aménagement de trois sources d'eau. A noter qu'un projet de plantation de pistachiers de l'Atlas est mené conjointement avec l'INRF, l'institut se chargeant du greffage. La direction du parc ambitionne de réhabiliter une part du patrimoine socioculturel de la région, entre autres, la poterie et le métier à tisser. Quant à la zone marine, se référant à la convention de Barcelone, les premiers parcs marins de Béjaïa et de Taza (Jijel) ont été l'objet d'études de l'Institut des sciences de la mer et de l'aménagement du littoral, ce qui a révélé une population halieutique, un potentiel floristique et une configuration (gouffres) des plus variés. D'autres sites méritent, pour ce qu'ils recèlent comme potentialités, d'être également classés en réserves naturelles. «C'est le cas des gorges de Chabet El Akra et de Toudja», citera comme exemple, le directeur du parc national de Gouraya.