L'année dernière, quatre associations avaient organisé, dans le cadre des Journées du film documentaire de Béjaïa, un stage de formation aux techniques cinématographiques documentaires. Il s'agissait de Cinéma et Mémoire (Béjaïa), Kaina Cinéma (Paris), Ateliers Varan (Paris) et Etouchane (Roubaix). En fait, la formation, étalée sur plusieurs sessions en une année, consistait à donner aux stagiaires porteurs d'un projet personnel, l'occasion de s'initier à la maîtrise du langage cinématographique et des outils audiovisuels. Une véritable formation de base englobant à la fois la théorie et la pratique, des travaux collectifs et individuels. Le programme renseigne sur l'ambition du projet puisque les stagiaires ont suivi plusieurs modules destinés à les amener à la réalisation de leur propre documentaire : analyse filmique et histoire du documentaire, écriture et développement des sujets documentaires, initiation à l'outil vidéo (caméra, son et montage), tournage, montage et enfin, diffusion publique et rencontre avec des professionnels. L'expérience a donné ses fruits et aujourd'hui, l'Atelier de Béjaïa peut présenter quatre films qui présentent le potentiel de quatre nouveaux réalisateurs, débutants mais pleins de promesses. Meriem Achour-Bouakaz, vétérinaire de formation et déléguée médicale à Constantine, est une passionnée du ciné-club de sa ville. Elle a réalisé un documentaire, Harguine, Harguine (24 mn) dont le titre exprime bien la détermination folle et désespérée des jeunes candidats à l'émigration clandestine. Une autre Constantinoise trentenaire qui vit à Alger depuis sept ans, Bahia Bencheïkh El Fegoun, assistante de réalisation, s'est pour sa part interrogée sur son ignorance de l'histoire de sa ville natale. C'est à Constantine (30 mn) se présente comme « le questionnement de toute une génération par rapport a ses racines et dresse un état des lieux identitaire de l'Algérie aujourd'hui ». Le jeune Amine Aït-Ouaret, étudiant à l'université de Béjaïa, est entré dans le cinéma comme projectionniste des Rencontres Cinématographiques de sa ville durant trois ans. Cet apprentissage technique lui a donné l'envie de voir projeter ses propres films. Avec « Yaranegh » (Entre nous), documentaire de 19 mn, il évoque les difficultés et les espérances des jeunes en milieu rural, montrant aussi leur esprit de débrouillardise et la dynamique des associations culturelles dans les villages. Abdenour Ziani est président de l'association Cinéma et Mémoire de Béjaïa et, à ce titre, il dispose déjà d'une solide culture du quatrième art. En plongeant dans la réalisation, il s'est attaché à mettre en scène un Algérien ordinaire mais pourtant exceptionnel par son don du bricolage et les poèmes et chansons qu'il écrit. Il est surtout quelqu'un qui ne renonce pas et résiste à l'adversité et aux injustices. (Fateh 13 mn) Quatre nouveaux réalisateurs, avec en plus la parité des sexes, c'est là une belle « fournée » pour l'Atelier de Bejaïa en attendant les suivantes. Après ces projections au CCA, les 4 films entameront une longue tournée en France, dans les festivals et autres rencontres. Espérons qu'ils en feront de même en Algérie car tout de même, ils sont nés ici et parlent de cet ici. CCA. Samedi 28 février 2009, 15h00. 171 rue de la Croix-Nivert. Paris 15e.