J'ai invité son fils Ali, sa fille Djidjiga et quelques élèves de l'écrivain (quand il était instituteur) dont l'ancien ministre Sidi Saïd. Le documentaire a été bien réalisé grâce au concours de tout le monde, notamment Ali Feraoun qui y a participé du début à la fin et qui m'a procuré des documents inédits qui sont passés pour la première fois à la télévision algérienne. J'ai aussi épluché les archives de cette dernière où j'ai déniché des documentaires de France II (ex-Antenne 2) qui montrent Albert Camus avec Mouloud Feraoun, vêtu de son célèbre burnous blanc. Il y a avait, surtout et enfin, les documentaires des télévisions allemande et belge (notamment cette dernière) qui montrent l'horreur de l'organisation de l'armée secrète (OAS). Bref, le documentaire fignolé, je l'ai remis à la télévision algérienne qui l'a programmé pour le 37e anniversaire de l'assassinat de Mouloud Feraoun, c'est-à-dire la nuit du 17 mars 1999. Ce soir-là, toute la famille Feraoun se mit devant son téléviseur pour voir cette biographie télévisée. Un quart d'heure après, Mme Feraoun a un malaise cardiaque. Se rappelant l'horreur de l'OAS et le terrible souvenir de l'assassinat de son cher mari, elle n'a pas supporté. Quand Ali Feraoun m'appela le lendemain pour me relater le malaise de sa mère, je n'ai pu retenir mes larmes. Il a fallu à Ali Feraoun toute sa gentillesse pour me calmer en me disant : «Ma mère n'est pas en danger, elle était déjà cardiaque.» Je me rappelle que pour donner à mon documentaire le plus de véracité possible je l'ai fait débuter par des sons de rafales de mitraillettes tout en passant des extraits d'images de la télévision belge qui montraient les trous et impacts de balles sur les murs des bâtiments d'Alger, en plus des trois horribles lettres OAS qui étaient inscrites partout. Le documentaire belge que j'ai trouvé dans les archives de la télévision algérienne retrace, en trois épisodes (chacune dure 52 minutes), la lutte du peuple algérien pour recouvrer son indépendance.