Histoire n Le documentaire Mouloud Feraoun, d'Ali Mouzaoui, projeté hier à la Cinémathèque d'Alger, se veut une biographie de l'homme de lettres algérien, assassiné à la veille de l'indépendance par l'OAS. D'une durée de 52 minutes, ce film, réalisé en 2009, retrace le parcours de Feraoun à travers des scènes commençant par son enfance, en 1913 à Tizi Hibel (Tizi-Ouzou), jusqu'à son assassinat le 15 mars 1962 par l'OAS, en passant par les étapes les plus marquantes de sa vie : Feraoun l'écolier, l'instituteur, l'écrivain, mais également le militant. Mêlant des images du passé tirées d'archives avec celles du tournage, le réalisateur a présenté un portrait retraçant la vie de l'écrivain. Son village, Tizi-Ouzou, Fort National (Larba Nath-Irathène), à Ben Aknoun (Alger), où il fut assassiné en même temps que cinq de ses compagnons par un commando de l'OAS, autant de lieux qui ont vu naître, vivre puis mourir l'intellectuel. Tout au long de ce documentaire, le spectateur plonge dans un croisement entre le réel et la fiction. Une succession d'images accompagnées d'une voix-off qui relate — en tamazight — la vie et l'œuvre de l'écrivain. L'ensemble des scènes montrent, encore une fois, le colonialisme français dans toute son abjection et des autochtones en prise avec ses affres. Le documentaire dresse le portrait d'un homme qui a dédié sa vie à l'enseignement et à l'écriture, mais aussi d'un militant des causes justes qui a refusé l'aliénation et mis sa plume au service de la lutte contre la machine coloniale. La projection a été suivie d'un débat dans lequel le réalisateur a confié que le documentaire était un projet remontant à 1983. Si Mouzaoui a opté pour le genre documentaire, c'est que «faire un film sur Feraoun exige les moyens adéquats», ainsi qu'il l'a avoué. Mouloud Feraoun a laissé une œuvre importante, inaugurée en 1950 avec son premier roman Le fils du pauvre (salué par la critique), suivi de La terre et le sang (1953), Jours de Kabylie (1954), Les chemins qui montent (1957), Lettre ouverte à Camus (1958), où il reprochait à son confrère d'ignorer l'être et l'identité algériens, et Les poèmes de Si M'hand en 1960.