L'Union internationale de la conservation de la nature (UICN) est une grande dame qui n'est pas inconnue de ceux qui se soucient de la santé de la planète. L'UICN œuvre depuis 70 ans pour valoriser et conserver la nature et sa biodiversité à travers une gestion efficace et équitable de ses ressources, et des solutions pour le climat, l'alimentation et le développement basées sur la nature. Elle est connue du grand public pour sa célèbre Liste rouge qui fait autorité pour fixer les statuts des espèces vivantes en voie de disparition. En revanche, on connaît moins la Liste rouge des écosystèmes (LRE) qui est un cadre global pour apprécier les menaces sur la biodiversité en évaluant les écosystèmes du monde avant 2025. La Liste verte des aires protégées (AP) est toute récente. Après une large concertation internationale, elle a pris officiellement naissance lors du Congrès mondial des parcs, en 2014 à Sydney, en Australie. Liste rouge, Liste verte, quelle différence ? «La Liste rouge se focalise sur les espèces en voie de disparition, c'est l'urgence. Mais entretemps les outils de conservation utilisés ont montré leur efficacité pour préserver le capital naturel, et c'est là le but de la Liste verte : reconnaître le succès des aires protégées qui atteignent leurs objectifs de conservation» (UICN/Papaco). C'est donc un label. Un de plus, dira-t-on. Les labels associés aux AP sont déjà nombreux, mais ils concernent en général un seul volet de la gestion. On cite souvent l'exemple bien connu du Patrimoine mondial de l'humanité qui désigne un ensemble de biens culturels et naturels présentant un intérêt exceptionnel pour l'héritage commun de l'humanité. La Liste verte s'intéresse à l'efficacité de la gestion et la gouvernance de l'AP et donc à ses gestionnaires. Ainsi, indiquent les experts de la Commission mondiale des aires protégées (CMAP/UICN), «des sites du Patrimoine mondial, s'ils sont mal gérés, ne pourraient pas être inscrits sur la Liste verte et, inversement, des sites inscrits sur la Liste Verte, s'ils ne renferment pas de valeurs universelles exceptionnelles, ne peuvent être reconnus comme des sites du Patrimoine mondial». Protection Les labels Liste verte» et Patrimoine mondial ne peuvent être que complémentaires. La Liste verte cherche à identifier et récompenser les gestions de qualité ainsi qu'à assurer un suivi des aires protégées et la bonne application des engagements de Aichi (Objectif 11, voir encadré). Avec le soutien actif de nombreux pays partenaires, l'organisation développe un nouveau modèle général de standards de qualité pour une gestion plus efficace et équitable des aires protégées. Pour les initiateurs de la Liste verte, le label, s'il couronne les résultats obtenus pour l'inscription du site, importe moins face aux efforts que doivent fournir les gestionnaires pour améliorer la gestion et la gouvernance. La Liste verte veut avant tout connaître les efforts des gestionnaires qui atteignent leurs objectifs de conservation. Une fois le label obtenu, cette reconnaissance peut apporter une meilleure visibilité et renforcer les arguments sur l'utilisation des ressources naturelles. A cela s'ajoute un autre avantage majeur que procure la Liste verte : l'accompagnement des aires protégées qui cherchent à se faire reconnaître. Le processus d'inscription d'un site sur Liste verte passe par plusieurs phases qui sont suivies par des examinateurs-évaluateurs. Le groupe pour le Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) a été constitué et est entré en formation en juin 2018. Il comprend 15 membres (5 de chaque pays). Sept sites sont déjà candidats : 2 en Algérie, l'aire protégée marine des îles Habibas (Témouchent) et le Parc national de Theniet El Had (Tissemsilt) ; 2 au Maroc, le Parc national d'Ifrane et celui du djebel Toukba ; 3 en Tunisie, les îles Kouriates et les parcs nationaux El Feïdja et Djebel Serdj. L'UICN fête ses 70 ans L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui fête ses 70 ans cette année, est la principale organisation non gouvernementale mondiale consacrée à la conservation de la nature. C'est aussi la seule à disposer d'un siège de statut officiel d'observateur à l'ONU. Elle est composée de membres de gouvernements et d'organisations de la société civile et. Elle offre les connaissances et les outils nécessaires pour que le progrès humain, le développement économique et la conservation de la nature se réalisent en harmonie. Créée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1948 à Fontainebleau (France), l'UICN a grandi au fil des ans pour devenir le réseau environnemental le plus important et le plus diversifié au monde. Elle compte plus de 1300 membres et rassemblent les compétences de plus de 13 000 experts dans 92 pays. Elle fait aujourd'hui autorité au niveau international sur l'état de la nature et des ressources naturelles dans le monde et sur les mesures pour les préserver. Elle est particulièrement connue pour attribuer aux espèces un statut de conservation, qui fait référence dans la communauté scientifique, et à partir desquels elle édite sa Liste rouge des espèces menacées. Elle a également rassemblé les innombrables types d'aires protégées – il y en a 200 000 aujourd'hui à travers le monde – en 7 catégories. Les experts se répartissent dans 6 commissions dédiées à la sauvegarde des espèces, au droit de l'environnement, aux aires protégées, aux politiques économiques et sociales, à la gestion des écosystèmes, et à l'éducation et la communication. l'UICN offre aux gouvernements et institutions de tous niveaux l'élan nécessaire pour atteindre les objectifs universels sur la biodiversité, les changements climatiques et le développement durable, des concepts que l'Union a d'ailleurs fortement contribué à définir, comme par exemple celui du développement durable employé pour la première fois lorsque l'UICN a lancé, en 1984, sa Stratégie mondiale de la conservation.