«Contrat-cadre ou pas, nous n'avons rien vu arriver ces dernières années. Nous continuons toujours à vivre d'oliviers hérités de nos aïeux. L'augmentation de notre production n'est pas le fait d'une quelconque prise en charge de nos problèmes, mais de conditions climatiques favorables», a estimé Mohamed Lakhdar Bouchahed, oléiculteur à El Harrouch. Du côté de Guelma, région réputée pour sa production oléicole, il est affirmé que ce dossier de la production d'huile d'olive pourrait être abordé dans le cadre d'une journée thématique. Improbabilité Elle a été organisée en parallèle avec la tenue de la foire régionale à Guelma à l'initiative de la Chambre de commerce et d'industrie Seybouse Annaba, en collaboration avec des organismes spécialisés. De nombreux aspects liés à la filière seront étudiés. Il est également annoncé que l'opération rajeunissement de l'oliveraie nationale a été déjà entamée et qu'elle pourrait être rentable dans les prochaines années. En 2004, quels sont les résultats de l'accord-cadre signé en septembre 2002 à Paris entre l'Institut technique des grandes cultures (ITGC) et Agropol, le partenaire européen ? Cet accord a-t-il pris en charge la filière huile d'olive et les problèmes auxquels elle est confrontée depuis des années ? Au vu de l'absence de toute statistique du ministère de l'Agriculture et de réponse claire destinée aux oléiculteurs, force est de dire que la situation des cultures oléagineuses est au point mort. Trois années après sa mise en application, ce projet reste du domaine de l'improbabilité. Les concepteurs s'étaient fixé, entre autres objectifs, le développement des cultures oléagineuses et la multiplication des contacts entre les producteurs nationaux et étrangers, dont, du côté algérien, l'Entreprise nationale des corps gras, le groupe El Bousten et Cevital, et, du côté français, l'Association pour le développement international agronomique (ADIA). Dans cet accord-cadre, il était prévu de retenir la wilaya de Guelma au titre de zone pilote pour la mise en place d'une usine container de trituration pour un montant de 120 millions de dinars. Mais on avait rien précisé en ce qui concerne l'huile d'olive, vocation première de cette région. Il était également prévu la prise en charge par l'ADIA de la formation des producteurs, du transfert de technologie, du suivi, de l'évaluation et de l'impact au niveau du panel pilote d'exploitations et zones spécifiques. De nombreux agriculteurs, tant à Guelma qu'à Skikda, propriétaires de plusieurs centaines d'oliviers, producteurs de haute qualité, n'avaient pas manqué de faire référence à la déclaration faite au lendemain de la signature de l'accord-cadre. «Gros moyens» «Dans cet accord, il était prévu de renforcer des équipements spécifiques liés à l'activité oléicultrice et les capacités de trituration. On ne nous a rien dit sur l'huile d'olive. Mais s'agissant de culture oléagineuse, il va de soi que nous sommes concernés. Cependant, force est de dire que nous sommes toujours à l'archaïque et au traditionnel», a affirmé Abdelaziz Benouis, propriétaire terrien dans la wilaya de Guelma. Nos interlocuteurs sont unanimes à déclarer que la gestion de ce dossier n'est pas entre de bonnes mains au ministère de l'Agriculture. «Regardez notre voisin de l'Est. En 2002, il était classé cinquième producteur mondial d'huile d'olive. En 2004, il accède à la deuxième place et pourrait même décrocher la première place, occupée par l'Espagne. Il n'a pas fallu de gros moyens à la Tunisie, membre très actif de l'Organisation méditerranéenne de l'oléiculture (OMO), pour atteindre ce résutat. L'OMO a été récemment créée. Très efficace au niveau européen, elle englobe l'ensemble des pays méditerranéens producteurs d'huile d'olive.» La relance de cette filière devait se faire dans le cadre du Plan national de développement agricole et rural. L'on a même envisagé des investissements alors qu'ils ne sont pas tellement nécessaires à un certain niveau de production. En structurant sa production sur la base de petites coopératives, la Tunisie a réussi en trois ans à augmenter sensiblement sa production. «Savez-vous que l'Algérien consomme à peine un quart de litre/an d'huile d'olive alors que le Français en consomme 5 litres/an», argumente Mostefa Belhadji, oléiculteur à Azzaba. Rare ou frelaté, les précédentes années, dans les magasins spécialisés et sur les étals des commerces ou des grandes surfaces, ce produit très prisé par les ménages est aujourd'hui en abondance. L'on ne parle plus de disponibilité, mais de qualité/prix. Le liquide vert en provenance de la région d'El Harrouch et de Collo est particulièrement sollicité au prix de 250 à 300 DA le litre.