L'ex-roi de la pop doit faire face à dix chefs d'inculpation dont «attouchements sexuels sur personne mineure et séquestration», des faits qui remonteraient à février 2003 dans son ranch de Neverland (50 km de Santa Maria, en Californie). Le chanteur encourt 20 ans de prison. Cela fait maintenant des années que le petit prodige des Jackson's five ne fait plus exploser les charts (classements des meilleures ventes d'album) américains. Il est plutôt relégué à la une des tabloïds pour ses démêlés avec la justice, essentiellement pour des affaires à caractère pédophile. L'une des plus scandaleuses remonte à 1993, alors étouffée à coup de millions de dollars. Dans une Amérique puritaine et conservatrice, ce procès, à grand spectacle, ne fait pas bon genre. Il focalise évidemment toutes les attentions… Le tribunal de la petite ville de Santa Maria a été le théâtre d'un véritable ballet médiatico-juridique. Le procès le plus médiatisé d'une personnalité publique, depuis l'affaire de O. J. Simpson à Los Angeles, aura duré quatre mois, avec pas moins de 2000 journalistes accrédités. Cela a obligé le juge Rodney Melville à autoriser la présence de micros dans la salle d'audience devant les pressions incessantes des représentants des médias. Durant toute la durée de l'affaire, l'accusation a tenté de diaboliser le personnage «Jackson» et de le déshumaniser en mettant en avant son avidité supposée pour l'alcool et la pornographie. Pour Ron Zonen, avocat de l'adolescent, l'accusé ne serait qu'un pédophile récidiviste. Cité par les agences de presse, il le décrit comme un prédateur sexuel qui attire ses proies dans son ranch féerique de Neverland. L'avocat a présenté l'endroit comme sans limites où les enfants seraient livrés à eux-mêmes avant de passer la nuit dans la chambre de Jackson, «le monde de l'interdit». Le défilé des 140 témoins appelés à la barre a été ponctué par la déposition choc du jeune et de la projection d'une sordide vidéo des faits en question. Cela n'a fait qu'étayer les propos du procureur adjoint et acculer un peu plus M. Jackson dans sa tourmente. De son côté, la défense a mis l'accent sur les malversations de la famille Arvizio et ses escroqueries. «Ils attendent de voir se concrétiser le plus beau coup de leur carrière», déclare Thomas Mesreau, avocat de l'artiste, qui ajoute : «cela a été un cauchemar pour Michael Jackson. Il a été assez naïf pour laisser (cette famille) l'approcher.» Maître Mesreau a avant tout cherché à décrédibiliser la famille de l'accusateur et à démonter les témoignages des proches de l'adolescent. Le dernier jour de l'audience fut marqué par les plaidoiries des deux parties ; une accusation qui exhortait le jury à ne pas laisser un pédophile en liberté et une défense qui faisait appel au sens philosophique des jurés si par hasard ils avaient un doute concernant la culpabilité de la star. Fortement soutenu par ses proches et des milliers de fans regroupés en sit-in devant le tribunal de Santa Maria, l'artiste a eu le droit de regagner sa propriété de Neverland, par dérogation du juge, pendant la durée des délibérations. Vendredi, dans un prétoire plongé dans un silence de plomb, le juge, sur un ton pédagogue, a rappelé aux jurés le devoir d'impartialité avant de les laisser partir. Les huit hommes et quatre femmes membres du jury vont devoir se forger une conviction et statuer sur le sort de M. Jackson. Quatre mois d'audience n'ont pas permis de cerner la vérité. Le procès a seulement permis un déballage d'accusations sordides de part et d'autre. Même si l'acquittement est possible, l'avenir du plus gros vendeur d'albums de tous les temps (Thriller, 1983) reste assez flou et son retour peu probable…