L'incarcération du neurochirurgien Chergui Mohamed, le 16 février dernier, pour délivrance de certificat médical de « complaisance » n'en finit pas de susciter remous et interrogations. Dans une lettre adressée, hier, au corps médical, le président du conseil régional de l'Ordre des médecins, le Pr. Slami, considère qu'il s'agit d'un « malheureux malentendu qui a valu une garde à vue au neurochirurgien (…) à la suite d'un certificat médical controversé » délivré à une patiente appartenant au corps de la justice. « Le conseil de l'Ordre aurait souhaité être saisi afin d'éviter à un neurochirurgien des ennuis qu'il a subis durant ce malencontreux lundi 16 février où ce dernier s'est vu incarcéré pour un acte qui (nous) semble anodin », ajoute le Pr. Slami, rappelant que « personne n'a le droit de s'immiscer dans l'exercice de la profession médicale, à l'exception d'un confrère médecin ». S'exprimant sur l'appréciation de la faute médicale, le représentant de l'Ordre des médecins se réfère à l'article 267 de la loi 90-17 du 31 juillet 1990 qui stipule que « les conseils régionaux de déontologie peuvent être saisis par l'autorité judiciaire à chaque fois que la responsabilité d'un membre du corps médical est engagée ». Le bureau du conseil de l'Ordre, qui dit avoir mené sa propre enquête juste après l'incarcération du Dr Chergui, a conclu à un problème « purement déontologique ». Le médecin est libre de ses prescriptions « Au terme de l'enquête, il a été établi qu'il s'agit d'un problème purement déontologique où la qualification du terme ‘'complaisance'' des certificats médicaux n'est pas justifiée », note le président du conseil, précisant que cette démarche visait à éclaircir cette « équivoque » d'ordre médical à propos de certificats médicaux contestés et qualifiés de complaisants. Dans le document transmis aux membres de la corporation médicale, l'Ordre des médecins ne manque pas de faire remarquer que la patiente traitée par le Dr Chergui avait bénéficié, depuis le mois de juillet 2008, de congés de maladie et de prolongations validées relevant de la même spécialité médicale. Y a-t-il donc une faille pour parler de complaisance ? Le conseil de l'Ordre est catégorique : « Il s'agit de délivrance de certificats non complaisants délivrés par des médecins responsables à une malade atteinte d'une pathologie neurologique chronique connue ». Pour les gens de la profession, le médecin est libre de ses prescriptions, dans les limites fixées par la loi, qui seront celles qu'il estime les plus appropriées en la circonstance. En attendant que la justice statue définitivement sur cette affaire, plusieurs médecins ont exprimé le vœu que cette affaire soit jugée en toute « indépendance ». « Le Docteur Chergui a l'intention de demander et d'insister à ne pas laisser passer cette affaire sans rétablir chacun dans ses droits respectifs », affirme, pour sa part, le Pr. Slami. Le Dr Chergui, placé en garde à vue pendant 24 heures puis remis en liberté, comparaîtra en citation directe le 8 mars prochain devant le tribunal de Sidi Bel Abbès.