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Kant, le libérateur de l'homme du diktat religieux (V)
Publié dans El Watan le 07 - 07 - 2005

Les structures économico-sociales bloquées par les structures (infra et super) des grands ensembles plus ou moins féodaux produisent les mêmes conséquences en obéissant aux mêmes causes ; le blocage des forces productives et la pérennité des archaïsmes. Mais avec le cas singulier de l'Empire prussien, entouré d'Etats nations plus ou moins formés et plus ou moins autonomisés, et évoluant vers des états modernes avec dissolution avancée des archaïsmes moyenâgeux, l'analyse ouvre un champ opératoire à l'approche des réalités qui nous concernent plus directement aussi bien à travers notre passé qu'au cours de notre présent déstructuré et notre avenir hypothéqué.
Quand le dernier Empire (Prusse) de l'Europe occidentale tremble sur ses fondations fragilisées dès la fin du XVIIe siècle, quand la morale chrétienne hégémonique est secouée par la réforme protestante encore plus rigoriste, quand le mouvement intellectuel est bridé, alors que se développe une hardie pensée étrangère (française surtout) protégée par le Despote éclairé (Frédéric II), la lutte contre la papauté ouvre alors la voie à une remise en cause de l'hégémonie du contrôle religieux. Le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), qui fut toute sa vie un modèle d'enseignant autonome quoique de condition fort modeste comme prix de sa liberté et de son autonomie, développera, à partir de la critique de la raison pure et de la critique de la philosophie du droit, l'idée de la nécessité d'une autonomie totale et inconditionnelle de la pensée et de l'intelligence, inspiré par la rationalité du doute cartésien. Il voyait dans ces postulats, les seuls moyens de sortir l'Empire moyenâgeux de l'ordre sclérosé, enserré par la structure politico-économique féodale et archaïque. Considérant que l'Europe était partout en avance quant à l'autonomisation de l'intelligence et de la pensée par rapport au dogmatisme religieux, Emmanuel Kant explique le retard de la Prusse par le statut indigne de la tutelle obscurantiste et médiocre imposée à ses brillants et téméraires intellectuels. Dans Qu'est-ce que les Lumières ? Emmanuel Kant écrivait ce jugement incisif : « J'ai placé le point essentiel des Lumières la sortie des hommes hors de l'état de tutelle, dont ils sont eux-mêmes responsables, surtout dans les choses de la religion… Au reste, cet état de tutelle est en même temps le plus préjudiciable, le plus déshonorant de tous.» L'apport essentiel de la philosophie classique allemande, à la présente réflexion, réside dans la prise en ligne de compte de la morale et de la vertu dans la morale politique. Mais le plus important semble être la nouvelle conception du droit qui en est sortie. Inspiré plus ou moins par les Lumières françaises et enhardi par les philosophes aussi bien les plus turbulents et les plus anticléricaux (Voltaire, Diderot, d'Holbach) que par les plus sages (Montesquieu, Rousseau), il semble que le courant volontariste et anticlérical aura eu plus d'écoute auprès des Germains protestants que le courant modéré. Mais la pensée anticléricale germanique va se focaliser sur l'éradication de toute source religieuse dans la mise en place du droit positif et une autonomisation de ce dernier par rapport à la morale. Ainsi se met en place une dualité non exclusive, mais complémentaire et non antagonique. Cette dualité est sans doute la solution qui aura permis de sauvegarder la morale pour les dogmes et de réserver le droit pour les comportements. La sécularisation et la laïcisation se retrouvent non pas en concurrence exclusive, mais en distribution de fonctionnalité. L'originalité du système allemand a permis alors d'autonomiser la sphère de l'intelligence et de la pensée, et de lui assurer juridiquement et institutionnellement une libération totale qui a fourni aux philosophes la possibilité de réfléchir et de penser les questions du savoir, du progrès sans être inquiétés par une quelconque inquisition médiocratique et totalitaire. Le travail de Kant aura été de relativiser considérablement le pouvoir de contrôle religieux sur le pensée, et ce, en suivant les enseignements de Machiavel, de Locke et surtout de Rousseau. En affirmant l'autonomie de la pensée par rapport au déterminisme de la raison religieuse et de la primauté de l'Etat sur le sujet citoyen, Kant a introduit une rupture cardinale qui libère l'homme en lui ouvrant tout grand les portes de l'autonomie morale et intellectuelle. Cette autonomie morale et intellectuelle a pour corollaire le principe de réalisme qui se base essentiellement sur la pratique et l'expérience humaine. Ainsi, la philosophie pour Kant n'est pas spéculative et ne se limite ni à un savoir ni à une connaissance qui permet à l'homme d'échapper de quelque manière à sa condition ou encore de le libérer de quelque souci ; mais elle se propose comme une analyse critique de tout savoir en tant que produit de l'expérience. La philosophie devient pratique.
Elle s'érige ainsi en système dans lequel la raison occupe une place capitale dans la mesure où elle fonde l'autonomie de l'être, et surtout son émancipation intellectuelle. Cette autonomie de la raison c'est celle qui fait de l'être une raison consciente et conscientisante assumant une entière et totale liberté, cependant que l'idéal de liberté lui reconnaît le droit imprescriptible à revendiquer et surtout à assumer sa capacité entière et intouchable à œuvrer pour sortir de l'état de minoration dans lequel la raison religieuse et/ou celle de l'état tendent à le maintenir. Dans son fameux article sur Qu'est-ce que les Lumières ?, Kant écrit à ce propos que l'état de tutelle et de minoration n'est pas seulement préjudiciable à l'être, mais il est surtout humiliant et déshonorant.
Emmanuel Kant (1784)
Qu'est-ce que les Lumières ?


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