La malnutrition infantile se répand, alors que le nombre d'enfants pris en charge par les centres de nutrition ne fait que s'accroître», a déclaré l'agence onusienne dans son communiqué. Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'organisation, décrivait la situation en des termes autrement plus poignants. «Les groupes les plus vulnérables : enfants, malades et personnes âgées sont en voie de liquidation», a-t-il déclaré. Il racontait également les scènes de paysans, privés de céréales, mangeant des racines et creusant des termitières pour y extraire les grains de mil stockés par les insectes. Dans ce pays où près des deux tiers de la population dépendent, pour leurs revenues, de l'agriculture et de l'élevage, les effets de la sécheresse, durant la campagne 2004-2005, ont été aggravés par les invasions de criquets pèlerins qui n'ont pu être combattues faute de moyens. Les mauvaises récoltes céréalières ont fait grimper les prix qui ont atteint des sommes excessives pour la majorité de la population, l'une des plus pauvres de la planète. L'organisation Médecins sans frontières (MSF) s'est plaint, le 22 juin dernier, des «secours longs et inadaptés» malgré «un diagnostic précoce». Selon cette organisation, une première alerte avait été donnée sur la situation nutritionnelle au Niger dès octobre 2004. «Fin juin 2005, le système d'aide ne permet toujours pas une assistance adaptée aux plus vulnérables. Cela revient tout simplement à condamner les enfants des familles du Niger les plus démunies à mourir de faim», a dénoncé cette organisation. Tôt, en juillet 2004, le Programme alimentaire mondial (PAM), organisation dépendant de l'ONU, prédisait la situation actuelle au Niger. Cette organisation avait lancé un appel d'urgence pour récolter des fonds nécessaires. Mais sur 16 millions de dollars attendus, seuls 5 ont été recueillis. La même agence avait lancé un appel, en mai 2005, pour environ 4 millions de dollars destinés à des interventions agricoles d'urgence. Elle n'en a reçu que 650 000 dollars versés par la Suède pour des opérations non urgentes. Pays sans intérêt géopolitique, ni stratégique pour les grandes puissances, où il n'y a ni conflit ni touristes, le Niger peine encore à mobiliser l'aide internationale. Pour MSF, il s'agit d'«un refus de reconnaître l'urgence de la situation». Hier, le coordinateur de l'Onu pour les secours d'urgence, Jan Egeland, a lancé un appel à des dons pour un montant de 30 millions de dollars pour faire face à la famine qui frappe le pays. «Nous faisons face actuellement à une grave crise humanitaire au Niger où des enfants meurent au moment même où je vous parle», a dit M. Egeland lors d'une conférence de presse.