Mon Dieu, Alger, capitale de l'Afrique durant une quinzaine, a vibré aux rythmes de séismes culturels ! Elle a vécu tous les arts, en a vu de toutes les couleurs. L'Afrique, ce berceau de l'humanité, s'il en est, cette terre faite générosité, y a montré toutes ses richesses (matérielles et immatérielles, pour rester in, dirions-nous), toutes ses contradictions, toutes ses douleurs aussi. Pas uniquement Alger, d'autres villes aussi ont été animées par de riches manifestations. Comme en 1969, Alger aura été, l'espace de quelques jours, la Mecque de tous les idéaux, mais, non pas celle des Révolutions contre tous les impérialismes et tous les esclavagismes, mais celle de la démocratie et celle des Droits de l'homme. De grands discours ont été prononcés entre deux danses de brousse, ou de Réhaba bien de chez nous, entre deux chants d'aèdes ou de griots. Les meilleures valeurs de l'homme ont été dites, clamées haut et fort, déclamées sur tous les tons, avec emphase, solennellement. La dignité humaine a été préservée, rehaussée, louée avec délicatesse. Vrai, sur certains plans ou arts, le premier festival a été plus riche, plus spontané que celui-ci. Mais, enfin… L'Afrique de tous les extrêmes a eu besoin de chanter, de danser, de s'épanouir, de s'éclater, d'affirmer ses multiples facettes éminemment spirituelles. Elle l'a fait. C'était sublime, inégalable, relativement parlant. Maintenant, l'on comprend que l'Union africaine par les arts, par la culture, est possible, facile à faire, et hautement bénéfique. Maintenant l'on comprend que, et on ne le répétera jamais assez, la culture est le soubassement, le fondement même de tout développement, de tout essor. Le lendemain d'une fête est toujours terrible. Et même amer, si l'on n'est pas sage. Les lampions se sont éteints, Alger ferme tôt, on revient aux manifestations épisodiques des occurrences nationales et officielles. On est en pleine Ouhdha Thalitha. Des bataillons de chômeurs battent le pavé, les harraga se multiplient, redoublent de férocité, reviennent à la charge, au large… L'Afrique retourne à la politique du ou pour le pouvoir. Non pas celle de la démocratie, de toutes les libertés et du développement. Mais de toutes les dictatures, déclarées ou pernicieuses. L'Afrique n'y retourne pas, elle ne l'a pas quitté, même durant le festival panafricain. Les grandes valeurs et la dignité humaine s'envolent en fumée. Des guerres fratricides, des tueries éclatent, puis font rage. Le continent se laisse berner par de petits pays civilisés… et cupides. Il s'enlise dans sa misère. Une misère noire dans une super crise mondiale. Oui, Alger, capitale de l'Afrique durant une quinzaine, a vibré aux rythmes de séismes culturels ! Elle a vécu tous les arts, en a vu de toutes les couleurs. Quel gâchis !