La localité de Magtaâ Kheïra, une bourgade située dans la commune de Mahelma, est réputée pour l'élevage et la vente de la dinde. Néanmoins, la question que se pose toute personne soucieuse de consommer une viande contrôlée, c'est de savoir dans quelles conditions se pratiquent l'abattage et le «déplumage» de la dinde en ce lieu rural. Dès les premières lueurs matinales, les jeunes vendeurs s'empressent de prendre possession des bords longeant le CW 112, en installant en plein air leurs étalages. Force est de constater que les déchets des abats s'empilent et les plumes de dindes s'amoncellent et s'envolent au gré du vent. Conséquence : les abords immédiats de la route sont jonchés d'immondices et des dépôts sauvages se forment dans tous les coins et recoins de la localité. L'environnement naturel de la région est ainsi sérieusement menacé. En outre, les conditions d'hygiène les plus élémentaires sont absentes. La volaille présente, en conséquence, un risque pour le consommateur. Mais, nombreux sont les clients qui s'y rendent pour l'achat d'une viande fraîchement déplumée. A première vue, une complicité semble se former entre les vendeurs et les clients. A la base de ce «contrat commercial», les prix concurrentiels affichés par les vendeurs. Ainsi, la dinde est cédée à 240 DA le kilo. Une telle activité commerciale est-elle légale ? «La réglementation en vigueur ne les autorise pas», estiment les uns. D'autres, en revanche, estiment que «cette pratique commerciale est parfois tolérée bien qu'elle ne soit pas légale». En ce sens, faut-il le préciser, ces vendeurs de dindes ont été chassés plusieurs fois et leurs produits saisis par les éléments de la gendarmerie.Mais lesconcernés ne désespèrent pas et reprennent leur activité aussitôt chassés ! «Nous envions les éleveurs et les vendeurs de la localité voisine, Douaouda-ville, qui ont bénéficié d'une autorisation et d'une aide conséquente de l'APC pour installer des locaux aménagés, dotés d'équipement de réfrigération», souligne un vendeur de Megtaâ en précisant que les normes d'hygiène sont sa première préoccupation. Selon notre interlocuteur, «ces vendeurs ont sollicité, à plusieurs reprises, l'aide de l'APC de Mahelma dans le but d'installer des locaux répondant aux normes, en vain». Le marchand de volaille a précisé, par ailleurs, que l'élevage de la dinde est son seul gagne-pain et sa seule raison de vivre. «Les autorités locales connaissent notre précarité sociale, et nous souhaitons qu'elles aménagent un lieu approprié pour que nous puissions exercer notre activité commerciale en toute quiétude.» Notons que ce commerce s'est développé depuis bien longtemps à Magtaâ Kheïra. D'ailleurs, le développement de cette localité repose sur l'essor de l'élevage, d'où la nécessité d'aider ces éleveurs à mieux pratiquer leur activité.