Abdesslam Badid se définit « comme artiste inconnu » d'utilité publique « pour le rire ». Pour Abdesslam Badid, le théâtre n'est pas une fin en soi, c'est un moyen pour démonter les représentations de l'immigré en Algérie et de l'Algérien en France, un moyen également pour créer des liens, des échanges. Son spectacle, Abdesslam aux pays des merveilles, un one man show d'une heure. Il l'a d'abord écrit et joué en Algérie, à Marsa Ben M'hidi, à Oran, à Tlemcen et à Mostaganem, il l'a joué toute la semaine dernière à Paris au théâtre Le bout. Abdesslam Badid est à l'aise dans ses deux cultures, passant de l'une à l'autre, voir les mélangeant sans difficulté. « Je tape aussi bien sur les immigrés que sur les gens du pays », nous dit-il. En Algérie, c'est le metteur en scène de la troupe Ajouad, Kherredine, qui adapte son spectacle au jeu algérien, en France c'est Christophe Zinc. « L'interactivité avec le public, c'est en Algérie que je l'ai apprise. En Algérie, les comédiens sont forts sur l'improvisation, chose que je n'osais pas », souligne Abdesslam Badid. « Le fait de m'appuyer sur mes deux cultures m'a rendu plus fort. » « Les textes que j'ai écrits en Algérie s'inspirent de ma vie. Les gens de mon spectacle existent, c'est ma famille. » La famille de Abdesslam Badid est originaire de M'cirda (ex-Port Say). Lui-même est né en région parisienne, il y a 36 ans. Derrière la caricature, il y a toute la sensibilité des personnages. « L'Algérie, je ne la vois plus avec les yeux de mes parents, mais avec les miens. » « Plus je vais en Algérie et plus je l'aime. Même s'il y a des problèmes de logement, de corruption... J'aime l'immensité de l'espace, les rapports entre les gens, les discussions, c'est cela mon grand plaisir, les gens se dévoilent, parlent de leurs problèmes. » Des thèmes qu'il aborde dans neuf sketches, Abdesslam Badid en fait une caricature pour arriver à une forme de tolérance : « La Mercedes Fantomas », le personnage est un immigré frimeur qui fait un crédit pour passer ses vacances tout seul en Algérie tandis que sa femme et ses enfants restent en France. Il y a aussi « L'épicier », le fameux match « France Algérie », « Star Académie » ou l'histoire d'un jeune qui souhaite et rêve de passer à la télévision, l'épicier et le mariage de son fils avec une Française, « La cabine téléphonique », « Les vacances en France », « La danse de l'épicier ». « Voyageant d'une rive à l'autre et ayant un grand amour pour mes deux pays, j'ai donné comme titre à ce spectacle : Abdesslam aux pays des merveilles. Ces pays n'existent pas, cependant des deux côtés de la Méditerranée, j'ai rencontré et je connais des gens merveilleux. Ce sont ces personnes qui font que ces pays sont merveilleux », soutient Abdesslam Badid. « Au travers de ses caricatures, Abdesslam parle de lui », dit son ami et complice Hervé Blanc, animateur socioculturel qui était du voyage en Algérie, l'été dernier, et qui l'accompagne dans son projet d'organiser un festival de théâtre à Marsat Ben M'hidi. « Abdesslam veut se nourrir du public, en appelle à la critique constructive. Le spectacle évolue. » « Abdesslam lutte contre les extrêmes. Au travers de la culture, il veut montrer que les choses bougent en Algérie. Le Français de souche a besoin de savoir ce qui se passe de bien en Algérie », ajoute Hervé Blanc. Abdesslam Badid est directeur d'un centre socioculturel de la région parisienne. Il a créé une association, Cité d'ici. Ce qui l'intéresse, c'est travailler sur la place du citoyen à travers le monde, particulièrement en France et en Algérie. Abdesslam Badid projette, avec le soutien du maire de Marsa Ben M'hidi et du Centre culturel français d'Alger, d'organiser en juillet prochain à Marsa Ben M'hidi un festival de théâtre.