Entre les assurances de maintien à la baisse exprimées par le discours officiel et les arguments de quelques spécialistes, inquiets des effets pervers de l'accord d'association avec l'UE entré en vigueur depuis le 1er Septembre dernier, seule la réalité du terrain tranche et suscite déjà les inquiétudes et les appréhensions des consommateurs, malgré la disponibilité des produits en grandes quantités. Pour l'exemple, à Oran, les autorités portuaires soulignent une hausse importante des importations de produits alimentaires. Dans la journée d'hier, pas moins de quatre navires ont débarqués prés de 25 000 T de sucre. M. Semcha, directeur de l'exploitation portuaire indique également que «prés de 140 conteneurs de viandes congelées sont à ce jour entreposés et en attente imminente d'enlèvement. Depuis le 1er Septembre, le port a connu un regain d'activités, traduisant une hausse des opérations d'importations à la faveur du nouveau dispositif de facilités douanières introduit par l'accord d'association.» Il reste cependant à savoir si le volume d'importation de certains produits de base comme le sucre, va rapidement atteindre les besoins en consommation qui, pour la seule région oranaise, sont de l'ordre de 500 000 T/an. Spéculation récurrente A la veille du mois de ramadhan, favorable à toutes les formes de spéculation, il n'est pas encore évident que les prix de certains produits s'affichent à la baisse. En matière de fruits et légumes, le marché oranais risque également de connaître les mêmes envolées que les années précédentes. Les habitants de certains quartiers, notamment dans la Zone USTO à l'est de la ville, qui souffrent d'un manque de marchés de proximité, redoutent une sorte de «pénurie» locale qui profitera à la hausse des prix chez les rares détaillants légalement installés. La suppression de tous les marchés de fruits et légumes durant le mandat de l'ancien Wali Abdelkader Zoukh n'a pas été suivi à ce jour de mesures palliatives. Ainsi par exemple, depuis les HLM Gambetta jusqu'aux limites de l'Université USTO, on ne compte que trois micromarchés semi couverts pour une population avoisinant les 50 000 habitants. Hier, une rapide visite comparative entre le marché de Sidi Okba de M'dina J'dida et quelques détaillants en zone périphérique a permis de constater des écarts de prix hallucinants. La pomme de terre par exemple se vend au détail entre 35 et 60 da le Kg selon l'endroit, alors qu'aux halles centrales elle s'affiche autour de 15 da. Certains détaillants avancent les arguments des charges du magasin et du «paiement régulier de leurs impôts»… allusion aux marchands non déclarés ou qui trichent avec le fisc pour se permettre de réduire leurs marges. Toujours est-il que la «chasse policière» aux charrettes des marchands ambulants de fruits et légumes et leur «interdiction de regroupement» en petits marchés de proximité dans les quartiers périphériques de la ville ne profitera pas aux modestes ménagères sans moyens de locomotion… Et encore bien moins aux plus démunis.