M. Guerfi, vous êtes président du Syndicat national des éditeurs algériens (Snel). Comment évaluez-vous votre participation au 10e Sila ? La participation des éditeurs algériens s'avère cette année intéressante et importante par rapport à l'année précédente. Nous sommes 63 éditeurs algériens sur les 70 membres du Snel à être présents au salon. Nous entendons par éditeur national celui qui fabrique, réalise et produit le livre en Algérie. Il y a toujours une confusion dans l'esprit de certains responsables. On met ainsi l'importateur à côté du producteur. Je souhaiterais à l'avenir, et je vais y travailler, que cette «faute», et j'insiste là dessus, n'est plus lieu d'être. Je souhaiterais que l'éditeur national se distingue et c'est cela notre raison d'être en tant que syndicat. Quel est l'impact de cet amalgame fait entre «éditeur algérien» et «importateur» ? Je ne suis pas contre l'importateur. Il reste un complément. Il y a certains titres qui nécessitent d'être importés tels les livres techniques que nous, Algériens, ne somme pas encore arrivés à réaliser. D'un autre point de vu, nous n'avons ni les mêmes chances ni les mêmes opportunités. Il faudrait que le salon serve aussi à encourager le producteur national. Pourquoi avons-nous le sentiment que le 10e Sila est plus orienté vers la commercialisation du livre que la promotion de l'édition ? Il faut savoir ce qui différencie un salon d'une foire. Ce que j'observe, moi en tant qu'organisateur, c'est que cet événement est plus une foire qu'un salon. Un salon est fait pour que les professionnels se rencontrent et arrivent à concrétiser des projets communs, qu'ils soient européens, arabes, maghrébins ou autres. Ce n'est malheureusement pas le cas chez nous aujourd'hui. On ne peut pas donner une dimension purement professionnelle au Salon international du livre d'Alger. Nous souffrons d'une mévente de livre importante, car nous n'avons pas de réseau de distribution de livre en Algérie, ce qui fait que le Sila devient l'occasion pour l'éditeur de vendre. Il y a très peu de librairies. Et c'est d'autant plus déplorable que rien n'encourage à leur création. Finalement, nous ne sommes pas encore arrivés au stade de négocier ou de discuter des projets, nous sommes au stade de vendre. Cet événement est autrement l'occasion pour l'Algérien lecteur de découvrir des titres et de les acheter. Certains lecteurs achètent tout ce qui leur tombe sous la main. Et là, il y a deux catégories de lecteurs. Il y a celui qui veut garnir sa bibliothèque et celui qui achète pour lire. Je pense que les gens ont plus tendance à acheter pour garnir leur bibliothèque que pour lire. C'est pas plus mal. C'est une marque de civisme. Je souhaiterais que toutes les maisons soient ainsi garnies de livre, ça peut toujours donner envie de lire. Si ce n'est pas les parents ce sera les enfants un jour.