Liberté : Quelles sont les attentes des éditeurs algériens pour cette 13e édition du Salon international du livre d'Alger ? Mouloud Achour : Ce salon étant à sa 13e édition, nous pouvons considérer que le Sila est entré dans le calendrier normal de l'édition nationale. Il fait maintenant partie des habitudes de l'éditeur algérien. Bien sûr, la première chose qui est attendue de ce salon, c'est qu'il se déroule bien. Ensuite, il faut qu'il soit conforme aux désirs d'organisation de l'édition nationale, à savoir celui de l'ensemble des éditeurs algériens. Cela leur permettra d'être présents de façon centrale, mais aussi d'être partie prenante de ce salon qui doit d'abord leur apporter quelque chose. Le Sila n'est pas une foire, ce n'est pas une manifestation qui permet uniquement de vendre du livre. Le Salon doit permettre à des opérateurs dans le domaine du livre, de se rencontrer, de prendre des contacts, d'échanger, de contracter des engagements également. Un réseau éditorial national ne doit pas être isolé, ce salon est précisément fait pour favoriser les rencontres entre professionnels. C'est aussi une occasion de faire le point, de savoir où on en est sur le plan éditorial. Y a-t-il eu une amélioration dans le réseau éditorial national ? Y a-t-il plus de livres publiés cette année par rapport à l'an dernier ? Quelle est la part des différents genres d'écriture dans l'édition nationale ? Il y a énormément de questions qui sont soulevées et qui sont traitées à la faveur d'un salon du livre. Cette édition est de bon augure dans la mesure où il y a une participation extrêmement importante de l'édition nationale. Il y a beaucoup plus d'éditeurs nationaux qu'il n'y en a eu l'an dernier. Des attentes, il y en a de plusieurs sortes, en premier lieu celles qui sont liées à une politique nationale du livre. En Algérie, jusqu'à l'heure actuelle, il n'y a pas de politique nationale du livre, il n'y a pas de lois sur le livre, c'est l'occasion pour les pouvoirs publics de prendre conscience qu'il est nécessaire que l'activité de l'édition du livre soit organisée, balisée et qu'elle fasse l'objet d'une loi. Mais en quoi une loi du livre réglerait les problèmes des éditeurs en particulier et du livre en général ? Nous avons un certains nombre de contraintes en tant qu'éditeurs puisque tout ce que nous avons comme éléments entrant dans la fabrication du livre est importé : le papier, la clicherie, les encres…. Ceci fait que la seule chose que nous ayons, c'est la matière intellectuelle. Mais pour tout le reste, nous dépendons de l'étranger et c'est ce qui fait que le livre est cher. Il est cher, non pas dans l'absolu, mais il est cher par rapport au pouvoir d'achat de l'Algérien moyen. Pour arriver à faire que le livre soit à la portée de tous, il faudrait agir sur certains éléments qui entrent dans le calcul du prix du livre, mais également un certains nombre d'éléments qui entre dans les circuits de “consommation” du livre. Selon qu'on publie un livre à 2 000 exemplaires ou selon qu'on le publie à 20 000 exemplaires, le prix de vente public n'est pas le même. Il s'agit donc, à travers cette loi sur le livre qui est attendue, de développer les circuits de consommation du livre. Ces circuits sont essentiellement les bibliothèques. Ce ne sont pas les librairies parce qu'avant que la librairie n'entre dans les habitudes du public, il faut d'abord que ce dernier apprenne à fréquenter le livre. Apprendre à fréquenter le livre, c'est fréquenter la bibliothèque scolaire ou municipale lorsqu'elle existe. Le nombre de ces lieux est extrêmement réduit dans notre pays. Ce sont ces problèmes qui seront traités lors d'occasions telles que le Sila. Quelles ont été vos actions, en tant que membre du Snel, dans le sens de l'amélioration de l'organisation du Sila ? Cette année, le Snel assume de nouveau son action de façon active dans l'organisation du Sila. Le Snel en tant qu'organe de mise en commun des intérêts de l'ensemble des éditeurs algériens a pris les dispositions nécessaires pour que l'édition algérienne soit représentée de la façon la plus honorable qui soit, mais surtout de la façon la plus centrale qui soit, puisqu'en définitive, c'est l'Algérie, par le biais de son organisation éditoriale, qui reçoit les autres participants. Les animations seront renforcées cette année… Jusque-là, il y a toujours eu des animations. Nous avons l'habitude d'organiser des tables rondes, des rencontres avec les auteurs à travers les séances de ventes-dédicaces et le café littéraire a toujours fonctionné. Cette année, un accent particulier sera mis sur le livre de jeunesse parce que nous nous sommes dits que les habitudes de lecture s'acquièrent quand on est jeune. D'autre part, le livre de jeunesse est un livre spécifique. Les auteurs ne s'adressent pas à un jeune ou à un enfant de la même façon qu'ils s'adressent à un adulte. C'est un petit peu ce centre d'intérêt qui sera traité à l'occasion des différentes tables rondes et des rencontres avec les auteurs. A. H.