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Classement mondial de la liberté de la presse 2005
Publié dans El Watan le 20 - 10 - 2005

L'ONG a rappelé que Mohamed Benchicou, directeur du journal Le Matin, est en prison depuis seize mois, et des peines de prison ferme ont été prononcées à l'égard de plusieurs autres journalistes pour des délits de presse. La situation est très difficile en province où les correspondants continuent de subir pressions et menaces. Dans ce rapport, RSF n'a enregistré aucun progrès en Irak, qui demeure selon elle le pays le plus dangereux pour les journalistes, ni en Iran, qualifiée «de plus grande prison de la région».
Elle a estimé que la Corée du Nord (167e et dernière position), l'Erythrée (166e) et le Turkménistan (165e) «constituent de véritables trous noirs de l'information. Dans ces pays, la presse privée n'existe pas et la liberté d'expression est nulle. Les journalistes des médias officiels ne font que relayer la propagande de l'Etat. Tout écart est sévèrement réprimé. Un mot de trop, un nom mal orthographié, un commentaire qui s'écarte de la ligne officielle peuvent conduire un journaliste en prison ou attirer sur lui les foudres du pouvoir. Harcèlement, pressions psychologiques, intimidations et surveillance permanente sont alors de mise». L'Asie orientale [la Birmanie (163e), la Chine (159e), le Vietnam (158e), le Laos (155e)], l'Asie centrale [le Turkménistan (165e), l'Ouzbékistan (155e), l'Afghanistan (125e), le Kazakhstan (119e)] et le Moyen-Orient [l'Iran (164e), l'Irak (157e), l'Arabie Saoudite (154e), la Syrie (145e)] sont «les régions les plus difficiles» au monde pour l'exercice de la liberté de la presse. «Dans ces pays, la répression des autorités ou la violence exercée par des groupes armés à l'encontre de la presse empêchent les médias de s'exprimer librement.» Classée au 157e rang, l'Irak, a indiqué RSF, a reculé par rapport à 2004, en raison de l'aggravation de la situation sécuritaire des journalistes. «Au moins 24 professionnels des médias ont été tués dans ce pays depuis le début de l'année 2005, faisant de ce conflit le plus meurtrier depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : au total, 72 journalistes et collaborateurs des médias ont été tués depuis le début de la guerre en mars 2003.» En revanche, l'ONG a remarqué que de plus en plus de pays africains ou latino-américains comme le Bénin (25e position), la Namibie (25e), le Salvador (28e), le Cap-Vert (29e), l'île Maurice (34e), le Mali (37e), le Costa Rica (41e) ou la Bolivie (45e) se sont hissés à des «positions très honorables».
La france en recul
Reporters sans frontières a néanmoins constaté un recul en matière de liberté de la presse dans certaines démocraties en 2005. Ainsi, les Etats-Unis qui occupent la 44e place ont perdu plus de vingt places, en raison de l'incarcération de la reporter du New York Times, Judith Miller, et de mesures judiciaires qui mettent à mal la protection du secret des sources. Le Canada, qui était au 21e rang, a également perdu quelques places, là aussi à cause «de décisions qui fragilisent le secret des sources et transforment parfois les journalistes en «auxiliaires de justice».
La France classée 30e est, elle aussi, en recul selon RSF. «Des perquisitions de locaux de médias, des gardes à vue de journalistes et la création de nouveaux délits de presse sont notamment à l'origine de cette nouvelle position.» En tête du classement, on retrouve des pays d'Europe du Nord (Danemark, Finlande, Irlande, Islande, Norvège, Pays-Bas) qui offrent de meilleures garanties d'une réelle et durable liberté de la presse.
Les dix premiers pays du classement 2005 sont européens. La Nouvelle-Zélande (12e), Trinité-et-Tobago (12e), le Bénin (25e) et la Corée du Sud (34e) arrivent en tête pour les autres continents. Si la tête du classement est largement occupée par des Etats riches, plusieurs nations très pauvres, dont le PIB par habitant ne dépassait pas, en 2003, 1000 dollars, figurent dans les soixante premiers. C'est le cas du Bénin (25e), du Mali (37e), de la Bolivie (45e), du Mozambique (49e), de la Mongolie (53e), du Niger (57e) et du Timor-Leste (58e). Au Proche-Orient, le pays le mieux placé, Israël qui occupe le 47e rang, a néanmoins perdu quelques places par rapport à 2004 en raison «d'exactions commises par l'armée à l'encontre des journalistes dans les territoires occupés. Ces violences, qui ont diminué en 2005, ne font plus l'objet d'une note séparée, comme c'était le cas lors des années précédentes. L'expulsion d'une journaliste française, en juillet dernier, a également contribué à ce recul».
L'armée us accusée
L'ONG a noté que les journalistes font toujours les frais de l'insécurité qui règne à Ghaza. En 2005, quatre d'entre eux ont été enlevés et «l'Autorité palestinienne, classée 132e, semble impuissante face à cette détérioration de la situation». En matière d'arrestation et de détention de journalistes, l'Iran est une fois encore «la lanterne rouge de toute la région avec sept journalistes emprisonnés et quatre autres qui risquent d'y retourner à tout moment. Akbar Ganji est toujours détenu dans un isolement total, malgré plus de 60 jours de grève de la faim, une mobilisation internationale et plusieurs promesses des autorités de le libérer. Par ailleurs, le cyberdissident Mojtaba Saminejad est emprisonné depuis octobre 2004. Il a été condamné à deux ans de prison ferme». Leader du monde arabe en matière de liberté de la presse, le Liban qui occupe le 108e rang a perdu plus de cinquante places durant ces deux dernières années, principalement «en raison de l'assassinat de Samir Kassir en juin. L'attentat qui a gravement mutilé May Chidiac, mi-septembre, n'augure rien de bon pour les mois à venir. Les professionnels des médias sont devenus, depuis l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005, des cibles privilégiées et paient le prix de la situation sécuritaire déplorable dans le pays. Pour la première fois depuis des années, des journalistes ont fui le pays, craignant pour leur sécurité». RSF a également accusé l'Armée américaine (USA en Irak, 137e place) d'être coupable de violations graves de la liberté de la presse .
«Pas moins de six journalistes sont emprisonnés dans les prisons d'Abu Ghrib sans aucune explication. Ils n'ont le droit de recevoir de visite ni de leurs avocats, ni de leurs familles, ni de leurs employeurs. Quatre professionnels des médias ont été tués par des tirs de militaires américains entre septembre 2004 et septembre 2005». Parmi les pays où il y a une absence de liberté dans les médias, l'organisation a cité la Syrie, classée au 145e rang, et la Libye au 162e rang.
«Les habitants de ces pays n'ont aucune autre source d'information que les médias d'Etat, relais dociles de la propagande officielle.» L'Egypte (143e rang) a connu, selon RSF, une nette régression par rapport au passé. Pour ce qui est de la Tunisie, classée 147e, l'étau, a indiqué RSF, se resserre autour des journalistes, et les engagements du président Ben Ali en faveur d'une plus grande liberté ne sont que de la poudre aux yeux.
«La censure administrative est toujours utilisée pour empêcher la création de médias indépendants (…) L'émergence d'une presse libre reste un mirage dans le pays qui accueillera, du 16 au 18 novembre 2005, la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l'information des Nations unies», estime RSF.


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