Visiblement, les rapports établis par les différentes organisations et institutions internationales placent l'Algérie dans de très mauvaises positions. Comme dans tous les autres domaines (éducation, lutte contre la corruption, développement, liberté politique), l'Algérie fait mauvaise figure en matière de respect de la liberté de la presse. Le rapport annuel 2009 de l'organisation de la défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), classe l'Algérie à la 141e place sur une liste de 171 pays classés, avec la très mauvaise note de 49,56. Elle rejoint ainsi les pays où la liberté de la presse est sérieusement bafouée. Avec ce nouveau classement, l'Algérie recule de 20 places par rapport à 2008 et se rapproche ainsi dangereusement du club des pays les plus hostiles à la liberté d'expression.Une position inconfortable qui reflète l'état inquiétant où évoluent les professionnels de l'information dans notre pays. L'Algérie reste l'un des rares pays au monde où l'Etat garde encore le monopole sur le champ de l'audiovisuel. Le chef de l'Etat demeure le véritable « rédacteur en chef » de l'unique. La presse privée est soumise à une pression permanente notamment avec le fameux article 144 bis du code pénal, instauré depuis le 17 juin 2001, criminalisant le délit de presse. Un affligeant obstacle pour le libre exercice du métier de journalisme. Le rapport de l'ONG de défense de la liberté de la presse, RSF, rendu public le dernier jour de l'année qui vient de s'écouler, dénonce un harcèlement judiciaire qui s'abat sur les journalistes et patrons de presse. « Quand les puissants ne font pas arrêter les journalistes, ils les harcèlent par des plaintes en série devant les tribunaux. En Algérie, le directeur de publication du quotidien El Watan,Omar Belhouchet, a reçu, à lui seul cette année 15 convocations devant les juges », peut-on lire dans le communiqué de Reporters sans frontières. La presse indépendante en Algérie qui a été présentée comme la plus libre dans le monde arabe en matière de liberté, durant les premières années de l'ouverture politique et médiatique, ne cesse de subir des coups de boutoir donnés par le pouvoir politique. L'Algérie n'est plus cet exemple à suivre, bien au contraire. Parmi les Etats du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, elle est classée loin derrière le Koweït, le Liban, les Emirats arabes unis, le Qatar, la Mauritanie, Oman, Bahreïn et le Maroc. En Afrique, notre pays occupe la honteuse 41e place. Elle fait partie des neuf pays d'Afrique les plus hostiles à la liberté de la presse, avec l'Egypte, le Soudan, la Tunisie, la Libye, le Rwanda, la Guinée équatoriale, la Somalie et l'Erythrée qui, elle, ferme la marge du classement mondial. Les pays nordiques, (Danemark, Finlande, Irlande, Norvège, Suède), occupent respectivement les cinq premières places. Le Viêt-nam, le Yémen, la Chine, le Laos, Cuba, la Birmanie, l'Iran, le Turkménistan, la Corée du Nord et l'Erythrée sont les dix derniers pays dans le classement de rapport annuel de Reporters sans frontières. 76 journalistes assassinés dans le monde en 2009 Par ailleurs, 2009 est sans doute l'année la plus meurtrière pour les journalistes. Pas moins de 76 journalistes assassinés, soit une augmentation de 26% par rapport à l'année 2008. « Moins connus de l'opinion publique internationale que les grands reporters, ce sont pourtant ces journalistes locaux qui paient, chaque année, le prix le plus lourd pour garantir notre droit à être informés sur les conflits, la corruption ou la destruction de l'environnement », a déploré Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'emprisonnement fait partie du quotidien des journalistes. Au moins 167 journalistes sont emprisonnés dans le monde durant l'année 2009. « Il faut remonter au début des années 1990 pour trouver un nombre aussi important de journalistes emprisonnés dans le monde. Bien que le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'expression ait maintes fois répété que la prison était une peine disproportionnée dans une affaire de presse, de nombreux gouvernements maintiennent de telles sanctions dans la loi, et en abusent », note le rapport de RSF. 2009 en chiffres* 76 journalistes tués (+26% par rapport à 2008) 33 journalistes enlevés 573 journalistes arrêtés, 1456 agressés ou menacés 570 médias censurés 157 journalistes ont fui leur pays 1 blogueur mort en prison 151 blogueurs et Net-citoyens arrêtés 61 agressés 60 pays touchés par la censure d'Internet *Source RSF