Les quotidiens concernés sont El Khabar, El Watan, Liberté et Le Soir d'Algérie. Il est 10h, le président de la cour venait juste d'ouvrir la séance. L'affaire opposant les directeurs d'El Khabar, Ali Djerri, et d'El Watan, Omar Belhouchet, et la journaliste Salima Tlemçani au premier responsable de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) était programmée à la 25e position. Les concernés n'ont été appelés à la barre qu'aux environs de 16h30. Le procès opposant l'ex-directeur du quotidien Liberté, Abrous Outoudert, et l'ex-responsable de la rédaction, Hassan Ouendjli, ainsi que le caricaturiste Ali Dilem au ministère de la Défense nationale était classée à la 36e position. L'autre affaire a concerné Fouad Boughanem, directeur du Soir d'Algérie, et Rédha Belhadjoudja ainsi que Farid Allilat, ex-responsable du journal Liberté. Ces personnages, dont l'affaire était numérotée à la 32e place, sont accusés d'«offense au chef de l'Etat». A l'époque, Le Soir d'Algérie était suspendu et le journal Liberté lui a ouvert ses colonnes pour que les journalistes expriment leurs points de vue. La chronique de M. Belhadjoudja n'a, apparemment, pas été du goût du Pouvoir. L'autre procès a opposé le journal El Khabar à un citoyen. Toutes ces affaires – portant sur la presse – ont été renvoyées au 28 décembre prochain. Une chose est sûre : passer une journée dans un tribunal n'est pas réjouissant. N'empêche que dans cet espace où se rencontrent les accusés et les plaignants, de multiples histoires allant de l'escroquerie, au trafic de drogue, à la femme battue par son mari sont exposées en public. Hier, à l'ouverture de la séance, les premiers dossiers ont porté sur des affaires courantes. Citons, entre autres, celle opposant un trabendiste au service des douanes. L'accusé a juré par tous les saints que la valise portant un matériel non déclaré ne lui appartenait pas. L'autre affaire a eu trait au trafic de drogue. A ce sujet, il est utile de narrer le dialogue qu'il y a eu entre le président de la cour et l'accusé dont l'âge dépasse 50 ans. Le président lui demande : «Combien de fois tu as fait de la prison ?» L'accusé, serein, répond : «J'ai oublié.» Rires dans la salle. Le président réitère sa question. L'accusé persiste et signe : «Je ne sais pas et je suis sincère. Mais je peux vous assurer, monsieur le président, que je n'ai pas touché à la drogue depuis 1998. Aujourd'hui, je plaide l'innocence.» Son affaire a été mise en délibéré pour la semaine prochaine. Ensuite, c'était au tour d'une affaire portant sur un litige (appartement) opposant une dame à un homme, qui a duré trois heures. Le président de la cour a même suspendu la séance à cause du chahut. En reprenant l'affaire, l'avocate de la dame est remontée jusqu'au début du problème. Lassant ! Après une demi-heure de pause, c'était au tour des prisonniers. Cinq jeunes garçons, sous le regard triste de leurs parents, ont été escortés par des policiers à la barre. Leur affaire a été renvoyée à une date ultérieure. 16h passés, le président de la cour appelle à la barre les directeurs des journaux El Khabar et El Watan ainsi que la journaliste Salima Tlemçani et les représentants de la DGSN. Les avocats de ce dernier se rapprochent du président pour lui signifier qu'ils ne se sont pas préparés, car ils ignoraient que l'affaire en question était programmée pour le 23 du mois en cours. «Pourquoi vous ne vous êtes pas rapprochés de nous durant cette semaine pour avoir les informations nécessaires sur le déroulement des séances ? En plus, je ne saisis pas le fait de dire que vous ne connaissez pas le dernier verdict concernant cette affaire. Ceci est grave, car vous l'avez traitée par le passé et pendant plusieurs séances», dira le président de la cour. L'avocat de la défense, maître Bourayou, a relevé que les directeurs des quotidiens ont passé inutilement une journée au tribunal, délaissant ainsi leur travail et la gestion de leurs journaux. Le président suggère le renvoi de l'affaire à la semaine prochaine. Sur ce dernier point, M. Belhouchet intervient pour signifier au président qu'il ne pouvait pas décider ainsi de la date du report sans les consulter. «Nous sommes des directeurs de journaux, nous avons des engagements que nous ne pouvons annuler. Nous répondons à chaque fois à vos convocations. Mais nous n'avons pas de temps à perdre», dira-t-il. Le président a tranché pour le 28 décembre. D'ailleurs, il fera de même pour les autres affaires.