La saturation du CHU avec ses différentes unités hospitalières et cliniques a atteint le point de non-retour. Comment expliquez-vous cette situation ? Il faut reconnaître qu'il y a effectivement saturation au moment même où nous nous apprêtons à célébrer en 2006, le 20e anniversaire de la création du CHU en novembre 1986. A cette époque, notre institution était constituée de 3 unités hospitalières Ibn Rochd, Ibn Sina, Seraïdi ainsi que les polycliniques qui leur étaient rattachées. Avec la restructuration, ces polycliniques, qui avaient pour mission des consultations et explorations ambulatoires, ont été transférées vers le secteur sanitaire. Ce qui a privé le CHU de toute possibilité d'hospitalisation de jour et de ressources financières que cette dernière activité génère. Cela ne nous explique toujours pas cette saturation… Elle se situe au niveau de la vétusté des structures héritées de la période coloniale et de leur exiguïté malgré les nombreuses opérations d'extension. La politique de restructuration appliquée a fait le reste. Je cite l'exemple du transfert de l'hôpital Franz Fanon transformé en structure administrative du secteur sanitaire de Annaba chargé de la gestion des polycliniques, centres de santé, salles de soins… Il y a également la création des Etablissements hospitaliers spécialisés (EHS) tels l'hôpital de Seraïdi pour la rééducation des malades en traumatologie, El Bouni destiné à l'origine à soulager les services de maternité gynéco et de pédiatrie du CHU plus que saturés, qui a bouclé la boucle. Cette saturation ne semble pas avoir eu un impact négatif sur la formation médicale et paramédicale ainsi que sur la recherche… De 1986 à 2005, la croissance des structures n'a pas bougé d'un iota, alors que la mission du CHU était étendue à d'autres vocations dont la formation, la recherche et sa transformation en pôle régional de référence au service d'une population de 3 millions d'âmes. Aujourd'hui, le CHU accueil le actuellement 4600 étudiants issus de la faculté de médecine, pharmacie et chirurgie dentaire. Il accueille également 500 résidents pour la formation spécialisée médicale, les élèves de l'école de formation paramédicale à vocation régionale et des étudiants de la faculté de biologie dans les filières de biochimie, bactériologie… Bref, cette situation devient intenable en ce sens que le CHU devient de plus en plus exigu. Il est confronté à d'importantes difficultés, non seulement en matière de structures d'accueil des malades mais aussi en matière de formation, puisque nous sommes à 1 lit pour 7 stagiaires. Nous avons perdu en 1985, l'opportunité de réaliser un établissement ultramoderne de 1000 lits. Après avoir été inscrit au budget, le projet a été annulé.