Savez-vous comment aider une personne mal voyante à s'asseoir ou à monter dans un bus ? Parce que les valides sont souvent maladroits avec les personnes privées de leur vue, le Lion's Club d'Alger Casbah a imaginé une campagne de sensibilisation pleine d'humour à destination du grand public. Cinq films seront programmés d'avril à juin à la télé, des spots passeront sur les radios, des affiches et des dépliants seront distribués dans les lieux publics, les écoles, les salles d'attente des médecins, etc., en attendant une diffusion dans de nombreux autres pays via le réseau de Lion's Club. « Nous avons choisi cinq situations concrètes inspirées des expériences de personnes mal voyantes », explique Nicole Leulmi, membre fondatrice du Lion's Club Alger Casbah, initiatrice du projet. « Nous montrons les gestes à ne pas faire et la façon dont il faut se conduire. » Sans infantiliser les non-voyants. Premier cas : comment aider un non-voyant à traverser la rue. « Car un aveugle au bord du trottoir ne veut pas forcément traverser la rue, assure-t-elle. Et vous ne pouvez pas imaginer combien de personnes sont promenées d'un endroit à un autre alors qu'il suffirait de leur demander ce qu'elles veulent vraiment... » Deuxième situation : comment l'aider à monter dans un bus. « Là encore, on assiste à des situations incroyables, où les valides portent les non-voyants ! Pour vous rendre utile, posez-leur simplement la main sur la rampe », conseille Mme Leulmi. Troisième contexte : chez le médecin. « Souvent le docteur, gêné par le regard de la personne aveugle dont les yeux vont de droite à gauche, préfère s'adresser à son accompagnateur, remarque-t-elle. Cette situation est humiliante et vexante pour le patient, qui, s'il ne voit pas, n'est pas pour autant muet. » Quatrième décor : le restaurant. « Quand le serveur lance ‘'Allez là-bas !'' à un non-voyant, cela ne signifie rien. Il vaut mieux l'accompagner jusqu'à sa table et lui poser la main sur le dossier de la chaise ; il parviendra à s'asseoir tout seul. » Enfin, cinquième situation : comment gérer un rendez-vous avec lui. « La ponctualité est très importante, insiste Mme Leulmi. Car cinq minutes de retard pour une personne valide, qui peut regarder la circulation, les piétons, les arbres… sont très angoissantes pour une personne emmurée dans l'obscurité. » Les acteurs Kamel Bouakaz et Souilah ont été choisis pour tourner dans les films, réalisés par Malik Rahni en arabe dialectal. La projection aura lieu en avant-première, ce samedi à 14h, à la salle Ibn Zeydoun. Les mêmes thèmes, traités en dessins pour les 5000 premiers dépliants et affiches ont été confiés à Hic, le caricaturiste du Soir d'Algérie. Adlène Meddi, Mélanie Matarese