Hagen Berndt est un consultant allemand spécialisé dans la gestion des conflits dans des régions de crise. Il intervient régulièrement en Afrique et en Asie du Sud. En Algérie, il a facilité plusieurs formations sur la médiation. Dès les premières informations sur la catastrophe du 26 décembre 2004 qui a frappé l'Asie du Sud, M. Berndt a été contacté par des associations locales d'Inde et du Sri Lanka avec lesquelles il a eu à travailler par le passé. Est-il utile de rappeler que des populations entières ont été endeuillées par un raz de marée d'une ampleur inégalée ? Au Sri Lanka, en Indonésie, en Inde, en Thaïlande et ailleurs, les actions de solidarité, qui s'inscrivent dans un plan d'urgence, se multiplient. Des ONG internationales et des pays étrangers se mobilisent pour apporter aide et assistance à des milliers d'orphelins, de femmes esseulées et d'hommes sans ressources, sans famille... des êtres fragilisés, abattus, qui ont tout perdu. Amener des organisations locales à coordonner leurs efforts de manière plus efficace, à partager leurs expériences pour faire face aux conséquences de la catastrophe naturelle sur le moyen et le long termes, c'est inscrit dans les priorités du spécialiste. H. Berndt est, également, en contact régulier avec les organismes de l'aide humanitaire et de développement d'Allemagne qui font appel à ses compétences dans le domaine. « Ces organismes se rendent de plus en plus compte qu'aucune intervention humanitaire n'est totalement neutre. Le danger d'aggraver ou même de créer des conflits entre les populations est très réel et fréquemment observé », explique H. Berndt. Il s'exprime, dans un entretien accordé en exclusivité à El Watan, sur les priorités et les conséquences qu'une catastrophe de l'ampleur de celle qui a rasé une grande partie de l'Asie du Sud engendre sur le court et le long termes, et sur le rôle que les petites associations locales peuvent jouer dans de telles situations. Il encourage à ce que l'aide humanitaire soit sensible aux conflits et aux structures de la société. Appelées à une mobilisation accrue, c'est à ces ONG, selon le consultant, que revient en grande partie la charge et la responsabilité de mener à bien les opérations qui doivent s'inscrire dans la durée. L'Algérie, qui est également confrontée aux catastrophes naturelles (séismes et inondations) et aux retombées socioéconomiques de telles calamités sur les populations meurtries, doit pouvoir tirer profit des expériences de ces pays en matière d'organisation et d'acheminement des aides humanitaires. Les associations locales sont appelées, ici comme ailleurs, à jouer un rôle beaucoup plus important dans la gestion des conséquences de ces désastres potentiels que nul ne peut conjurer.