L'OMS est accusée d'avoir modifié la définition d'une pandémie sous la pression de l'industrie pharmaceutique. Une délégation spéciale de l'organisation mondiale de la santé va être auditionnée mardi prochain par le Conseil de l'Europe à Strasbourg dans le cadre des auditions publiques, a fait savoir l'OMS. Cette délégation sera conduite par le conseiller spécial de l'OMS sur les pandémies de grippe, Keiji Fukuda. Cette audition parlementaire publique intitulée : « La gestion de la pandémie H1N1 : faut-il davantage de transparence ? » Une audition qui intervient à la suite de l'adoption, au début de ce mois, de la résolution portant le lancement de l'enquête sur la gestion de la pandémie par l'OMS initiée par le médecin allemand Wolfgang Wodarg qui accuse l'OMS d'avoir modifié la définition d'une pandémie sous la pression de l'industrie pharmaceutique. Des explications seront ainsi données mardi. « Nous avons toujours dit que le virus avait un caractère modéré », a déclaré le porte-parole de l'OMS, Gregory Hartl, interrogé par des journalistes. « La pandémie a été déclarée en raison de la propagation rapide du virus dans le monde entier », a-t-il rétorqué vendredi. « Nous avons reçu un soutien unanime des Etats membres à notre stratégie face au danger représenté par le nouveau virus », a-t-il ajouté. Il a rappelé qu'un nouveau virus peut muter facilement et changer de degré de sévérité. Il a également averti que la saison de la grippe n'est pas terminée dans l'hémisphère Nord et que l'hémisphère Sud doit se préparer à une nouvelle vague. Le porte-parole a également rejeté toute collusion entre l'OMS et l'industrie pharmaceutique. Il a expliqué que l'agence de l'ONU a mis au point des directives contre les éventuels conflits d'intérêts des experts consultés par la directrice générale, Margaret Chan. Gregory Hartl a précisé que le Dr Chan va recueillir les propositions des Etats sur la nomination d'experts de différentes origines pour former une commission d'enquête indépendante, chargée d'analyser la conduite de l'OMS dans la gestion de cette crise. Ses premières conclusions seront connues lors de l'Assemblée mondiale de la santé, en mai prochain. A noter que la grippe pandémique H1N1 a tué au moins 14 142 personnes dans le monde depuis son apparition au Mexique en mars/avril 2009, selon le dernier bilan publié vendredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève. L'activité grippale pandémique a atteint son apogée dans l'hémisphère Nord entre la fin octobre et la fin novembre et a continué de décliner depuis, relève l'OMS qui précise que les deux continents les plus touchés sont les Amériques (Nord et Sud), avec au moins 7094 morts, et l'Europe (au moins 3099 décès). Les régions de l'Asie extrême-orientale et du Pacifique ouest totalisent quant à elles 2877 morts. La transmission du virus continue d'être la plus intense, selon les experts de l'OMS en Afrique du Nord, en Asie du Sud et dans des zones limitées d'Europe de l'Est. « La maladie semble avoir atteint son pic dans beaucoup d'endroits en Afrique du Nord, à l'exception notable de la Libye avec une tendance à la hausse au début du mois de janvier », relèvent les mêmes experts. En Asie du sud, « la transmission active du virus pandémique persiste dans des régions du Nord et de l'Ouest », selon la même source ajoutant qu'« en Inde, l'activité grippale est restée largement confinée aux Etats du Nord et de l'Ouest », avec des pics atteints respectivement à la mi-décembre et au début du mois de janvier. En Europe, l'activité du virus « continue de décliner ou reste de basse intensité dans la plupart des pays ». C'est en Pologne, Autriche, Estonie, Roumanie, Hongrie et en Moldavie que la transmission du H1N1 est la plus intense, selon l'OMS.