La magistrate d'instruction près le tribunal d'El Hadjar (Annaba) a ordonné hier après-midi la mise sous mandat de dépôt d'un ressortissant indien et de deux gardiens de sécurité algériens travaillant au complexe d'ArcelorMittal El Hadjar. L'Indien est le superviseur de Grand Smithy Works (GSW), une entreprise indienne privée de droit algérien. Frappé par la même mesure, le PDG de cette dernière qui devrait être également présenté à la justice s'est refugié, la veille, à l'ambassade de l'Inde à Alger, de peur qu'il soit incarcéré. Un mandat d'arrêt ayant été lancé à son encontre. Présent également, l'interprète du ressortissant indien a été, quant à lui, libéré. Les deux investisseurs indiens sont accusés d'atteinte à l'économie nationale et les gardiens d'ArcelorMittal de faux et usage de faux et de complicité. La firme GSW est une Eurl de droit algérien. Elle figure parmi les plus importants partenaires économiques du premier producteur de l'acier au monde, le groupe ArcelorMittal. Spécialisée dans la récupération, le traitement et la vente de la ferraille massive à l'usine d'ArcelorMittal El Hadjar, laquelle abrite son siège. Elle puise sa marchandise au niveau du crassier externe de l'usine d'ArcelorMittal. Ses pratiques économiques entachées d'irrégularités ont causé un important préjudice financier qui, selon des sources judiciaires, se chiffre en milliards de dinars dont le complexe ArcelorMittal El Hadjar a été victime durant plus d'une année. enquête sur des transactions douteuses Grâce à la complicité des deux gardiens en poste à ArcelorMittal, la facturation fictive de plusieurs milliers de tonnes de ferraille massive a été rendue possible. Une complicité qui consiste à délivrer des bons cachetés et apposés de leur griffe attestant fictivement l'acquisition des camions de gros tonnage de la ferraille massive traitée. C'est suite à la décision de la rationalisation rigoureuse des dépenses qui a touché même les contrats liant ArcelorMittal El Hadjar avec ses partenaires pour minimiser l'impact de la crise financière mondiale que la supercherie a été découverte. Cependant, n'était l'intervention dont le mérite revient au syndicat de l'entreprise, les Indiens de GSW seraient actuellement en train de ronger les ressources du complexe. Pour épargner les travailleurs d'une éventuelle compression, le partenaire social a enquêté sur les transactions douteuses des sociétés privées, notamment étrangères qui gravitent autour du complexe. Et c'est l'entreprise indienne Grand Smithy Works qui est la première à être mise à nu. Elle est l'auteure d'un important préjudice. Muni d'un dossier ficelé, Ismail Kouadria, le remuant secrétaire général du syndicat de l'entreprise avait, rappelons-le, saisi officiellement, le 7 décembre 2008, Bernard Bousquet, le PDG d'ArcelorMittal, à l'effet de convoquer un audit à même de passer au peigne fin toutes les opérations comptables de par le doute qui plane quant à leur tenue. Ainsi, les deux responsables indiens de GSW ont été confondus, en complicité avec les gardiens d'ArcelorMittal, dans ce scandale financier. C'est un expert d'origine tunisienne, dépêché par le groupe, à partir de son quartier général à Luxembourg qui a mis la lumière sur ces pratiques de par l'audit qu'il a établi. Les conclusions de ce dernier sont accablantes. La fraude est sans appel. Bien que, théoriquement, les camions de gros tonnage de ferraille aient transité par le poste n°4, les 2 gardiens indélicats ne tenaient pas le registre du poste de garde à jour. Le dol est gros. Il est, à titre indicatif, estimé à 1,4 milliard de dinars par mois. A ce grave délit économique, s'associe une importante perte sèche ayant entraîné l'intervention des experts du CTRI, appelés à élucider ce trafic que les gestionnaires d'une Eurl indienne animent. Ainsi, après le PDG de l'entreprise algéro-turque de fer (ATF) qui est actuellement en cavale au Maroc, c'est le PDG de GSW qui se réfugie à l'ambassade de l'Inde à Alger. Le dénominateur commun est que ces deux PDG appartiennent au monde des affaires juteuses de la récupération et la vente des métaux ferreux et non ferreux. Mieux encore, leur dossier a été traité par les mêmes services de sécurité, en l'occurrence le CTRI.