La mesure annoncée il y a plus d'un mois par le wali de Chlef, visant l'éradication des 18 000 logements en préfabriqué construits après le séisme de 1980, ne suscite guère l'adhésion des citoyens. Pour preuve, sur une première tranche de 12 000 habitations, seule une vingtaine de dossiers de demandes d'aide à la reconstruction a pu être déposée à la date d'hier au niveau des communes de Chlef et de Chettia, qui regroupent le gros de ce type d'habitat. L'aide de l'Etat pour chaque famille s'élève à 70 millions de centimes qui seront débloqués en trois tranches, selon l'avancement des travaux. Les responsables des cellules en charge de la réception et l'étude des dossiers n'expliquent pas un tel désintérêt, estimant que tous les moyens ont été mobilisés pour le bon déroulement de l'opération. Par contre, au sein de la population, le sentiment est plutôt au désenchantement après l'annonce de la décision du gouvernement. « Est-ce possible de construire une nouvelle habitation avec une telle somme ? De plus, on nous demande de prendre en charge tous les frais inhérents à l'étude, la délivrance du permis de construire, la démolition de la baraque et le lancement des travaux. Sincèrement, c'est de la poudre aux yeux et une manière de clore coûte que coûte ce dossier complexe et brûlant », diront des pères de famille sans ressources. Ils disent en outre ne pas comprendre l'entêtement des pouvoirs publics à vouloir transposer une formule de l'habitat rural à des zones rurales qui, de plus, ont été touchées par beaucoup de catastrophes naturelles dont les stigmates sont toujours présents. Abondant dans le même sens, le président de la coordination des cités en préfabriqué, Mohamed Yacoubi, indique que son association a toujours réclamé une aide conséquente pour l'élimination de ce grand point noir. « Nous réitérons notre appel pour un mécanisme adapté à la situation qu'endure la population sinistrée depuis plus de 28 ans. Nous ne réclamons que notre droit à une vie décente et à plus d'égards et d'attention de la part de nos gouvernants », souligne-t-il. De l'avis de beaucoup de citoyens, le dossier du préfabriqué est revenu manifestement à la case départ, alors qu'il devait être définitivement assaini et traité si l'on se réfère aux engagements pris par les autorités centrales après les émeutes d'avril 2008.