Les événements se sont accélérés à Madagascar dont le président élu, Marc Ravalomanna, a été contraint de démissionner et de transférer ses attributions et celles du Premier ministre à un directoire militaire. Le chef de l'Etat malgache avait, jusqu'au dernier moment, refusé de céder aux pressions de l'opposition qui réclamait son départ. Marc Ravalomanna a finalement été poussé vers la sortie par l'armée malgache qui lui a retiré son soutien et a investi les bâtiments de la présidence où il était resté retranché. Marc Ravalomanna, au pouvoir depuis 2002, était confronté à une crise politique d'une rare violence, alimentée principalement par son bras de fer avec le maire d'Antananarivo, Andry Joelina. Ce dernier, ancien organisateur de soirées dansantes, disc-jockey de son état, était parvenu à se faire élire maire de la capitale. Son arrivée à la mairie d'Antananarivo avait coïncidé avec la baisse de popularité du président Ravalomanna qui, après une série de victoires électorales, s'était trouvé dans l'impossibilité de tenir les promesses qu'il avait faites. Ni les réformes de fond auxquelles il s'était engagé pour démocratiser la vie politique ni l'amélioration du niveau de vie des Malgaches n'avaient été suivies d'effet. L'opposition reprochait au Président de gouverner seul et de sombrer dans une dérive autoritaire. En 2008, la tension avait été portée à son paroxysme entre le président de la République et le maire d'Antananarivo. Andry Joelina avait été destitué par le chef de l'Etat, ouvrant ainsi une situation propice à des dérapages car le maire déchu avait rassemblé autour de sa personne des milliers de partisans déterminés à en découdre avec leur président. Les difficultés économiques de Madagascar, sur lesquelles Marc Ravalomanna n'avait pas de prise réelle, ont participé à son affaiblissement, son isolement puis sa chute. Les militaires malgaches, restés dans l'expectative, semblaient vouloir respecter la légalité constitutionnelle tout en manifestant des signes de sympathie au maire déchu de la capitale malgache. En sortant, lundi, de ses casernes, l'armée a finalement franchi le pas pour exécuter ce qui s'apparente à un coup d'Etat. Marc Ravalomanna, se sentant définitivement lâché par les militaires, n'a eu d'autre choix que de démissionner, évitant sans doute à Madagascar de possibles effusions de sang au moment où l'opposition s'emparait de la présidence, sous la conduite d'Andry Joelina. L'armée malgache portera-t-elle tout de suite au pouvoir celui qui passe pour avoir ses faveurs ou préférera-t-elle ouvrir une période de transition qui lui permettrait de préparer le retour à la normale ? Dans tous les cas de figure, cela n'augure pas de lendemains qui chantent pour Madagascar. Le renversement précipité de Marc Ravalomanna laisse en effet tous les problèmes du pays pendants. D'autant que le changement intervenu à Madagascar ressemble à un règlement de comptes entre deux personnalités que même l'avenir du pays, déjà très aléatoire, ne pouvait pas réconcilier. Le peuple malgache ni la démocratie gagneront-ils quoi que ce soit à ce énième putsch à l'africaine ?