L'automédication représente près de 650 millions de boîtes, sur près d'un milliard vendus en pharmacie. La proportion de personnes qui se soignent seules, augmente progressivement chez les adultes de 40 à 79 ans, puis diminue à partir de 80 ans. Le recours à l'automédication est plus important chez les cadres, et ceux soucieuses de leur santé, adoptent un comportement dit préventif. L'automédication est un segment en plein essor, dont la croissance a atteint, selon cette étude, «les 30% l'an dernier.» Si certains médicaments sont autorisés à être vendus sans ordonnances (antalgiques, certaines crèmes dermatologiques et cosmétiques…), d'autres en revanche sont formellement interdits à la vente sans une prescription d'un médecin. Dans le deuxième cas, la pratique s'avère dangereuse puisque elle est à l'origine de décès, causés par les effets secondaires. «Alors que la pratique d'injection sur des patients est, par exemple, formellement interdite dans les officines pharmaceutiques. Certains pharmaciens ont, en effet, causé la mort de patients qui ont subi une injection», témoigne un pharmacien qui tient une officine au centre ville d'Oran. Ce qui ferait des produits pharmaceutiques, la 4ème cause des décès à Oran, après le cancer et les maladies cardiovasculaires. Une pratique dangereuse Pis, même les antibiotiques et les corticoïdes sont délivrés sans ordonnance. Sachant que, par exemple, les corticoïdes causent un grave déficit immunitaire, leur administration ne doit être faite sans un avis médical. L'auteur de ce travail d'investigation relate que «beaucoup de personnes s'emparent de la crème dermatologique, bien connue des parents avec enfants en bas âge, pour soulager les érythèmes fessiers, ainsi que des pastilles, destinées à ceux qui souffrent d'aigreurs stomacales bénignes, ou encore de la gamme de vitamines et de l'incontournable aspirine. On utilise en général les mêmes traitements, sous forme de pommade, pour lutter contre les dermatophytes.» Toutefois, un dermatologue, interrogé à ce propos, conseille «d'éviter l'automédication et de consulter un médecin quand, par exemple, les champignons apparaissent» et d'ajouter : «Si le médicament de base ne fonctionne pas, il faut faire un prélèvement mycologique pour connaître la nature exacte de la mycose et trouver un traitement spécifique. En cas de traitement préalable par une crème contre les champignons, ce prélèvement risque d'être faussement négatif. Toutes les mycoses sont inesthétiques et douloureuses. Mais, si les candidats sont généralement peu dangereux pour les personnes en bonne santé, il faut se méfier des dermatophytes. Ils causent fréquemment de petites fissures au niveau du quatrième espace inter orteils, ce qui fait une entrée pour des infections bactériennes plus graves. Ce n'est donc pas anodin!» explique le Dr. Et d'expliquer : «Tous les médicaments peuvent comporter des effets secondaires. Il est donc indispensable de laisser chaque traitement dans sa boîte d'origine et de conserver la précieuse notice qu'elle contient, pour être en mesure de vérifier, avant chaque usage, la posologie et l'existence d'éventuelles contre-indications ou d'associations dangereuses, ainsi que les dates de péremption. Il est également recommandé de ne pas systématiquement garder les quelques pilules, gélules, comprimés ou autres restant après la fin d'un traitement prescrit par un médecin. Une nouvelle utilisation intempestive et parfois non justifiée pourrait faire plus de mal que de bien. C'est notamment le cas avec les antibiotiques. Et plutôt que de les jeter, mieux vaut les rapporter dans une pharmacie. Il en va de même pour les produits périmés. En revanche, un traitement donné pour une pathologie peu grave, dûment diagnostiquée et qui risque de se manifester à nouveau (rhume des foins, constipation ou encore herpès) mérite d'être conservé. Enfin, l'armoire à pharmacie comme la trousse de voyage doivent rester hors de portée des enfants.» La législation prévoit-elle des sanctions contre les pharmaciens qui délivrent des médicaments dangereux sans ordonnance ? «Non. C'est une question de déontologie médicale», répond un pharmacien que nous avons interrogé.