Quatre Algériens sur 5 auraient recours à une médication sans avis médical, selon une récente étude menée au laboratoire de chimie-thérapeutique à la faculté de médecine d'Oran.En l'absence d'outils de statistiques fiables, cette enquête, basée sur des données recueillies sur le terrain, montre que plus de 1.500 produits sont délivrés en pharmacie, sans aucune prescription médicale.Cette pratique de libre achat concerne 65% de médicaments vendus en ville. L'automédication représente près de 650 millions de boîtes, sur près d'un milliard, vendues en pharmacie et la proportion de personnes qui se soignent seules, augmente progressivement chez les adultes de 40 à 80 ans, puis diminue à partir de 81 ans. Le recours à l'automédication est plus important chez les cadres et chez les personnes soucieuses de leur santé qui adoptent ainsi un comportement dit préventif. L'automédication est un segment en plein essor, dont la croissance a atteint, selon cette étude, les 32% l'année dernière et si certains produits sont autorisés à être vendus sans ordonnances (antalgiques, antiseptiques, certaines crèmes…), d'autres en revanche sont formellement interdits à la vente sans une prescription médicale. Dans le deuxième cas, la pratique s'avère dangereuse puisqu'elle est à l'origine de décès, causés par les effets secondaires. Les injections à des malades sont, par exemple, formellement interdites dans les pharmacies et certains préparateurs en pharmacie ont même causé la mort de patients, ayant reçu une injection, en témoigne un docteur en pharmacie qui tient une officine au centre ville d'Oran. Ce qui ferait du médicament la 3ème cause des décès à Oran, après le cancer et les maladies cardiovasculaires. La loi prévoit-elle des sanctions contre le pharmacien qui délivre des médicaments sans ordonnances? «Non, c'est une question de déontologie», répond un pharmacien que nous avons interrogé. Ainsi, en même temps qu'augmente la demande en soins spécialisés, l'automédication se développe qualitativement et quantitativement avec des risques ombreux et graves sur l'économie et la santé des Algériens. La lutte contre les risques épidémiologiques de l'autoconsommation médicamenteux implique une participation consciente et informée des Algériens. Malgré les données contradictoires qui rendent difficile l'évaluation des risques et malgré les contraintes qui favorisent l'automédication et en augmentent les risques, une stratégie éducative doit être mise en place non seulement pour une meilleure prise en charge personnelle de la santé, mais aussi pour une utilisation meilleure, plus efficace des services médicaux. Cette stratégie qui intervient notamment dans les milieux éducatif et familial, implique une intervention cordonnée et pertinente des différents secteurs concernés, services de santé corporations professionnelles, éducation nationale, information et production de médicaments. Cette stratégie implique également des moyens métrologiques et matériels organisationnels.