La ministre d'Etat britannique aux Affaires étrangères chargée du Proche-Orient et de la sécurité internationale, la baronne Simons, est en visite Alger depuis hier soir.Mme Simons est venue en Algérie avec un cahier des charges ambitieux : « renforcer » les relations algéro-britanniques et impulser une nouvelle dynamique aux échanges économiques entre les deux pays. Pour assurer le succès de sa visite, la ministre d'Etat britannique s'est munie d'un agenda de rencontres chargé et, surtout, ciblé. Mme Simons aura à rencontrer, en moins de 24 heures, les trois ministres du gouvernement Ouyahia en charge des principaux dossiers économiques du pays. La diplomate britannique s'entretiendra, dès la matinée d'aujourd'hui, avec les ministres de l'Energie, du Commerce et de la Participation. Elle sera également reçue par le chef du gouvernement et le conseiller économique du président de la République, Abdelhamid Temmar. Le programme de la visite de Mme Simons prévoit, en outre, un déjeuner en tête-à-tête avec le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem. A travers cette série de rencontres, la ministre d'Etat britannique aux Affaires étrangères entend avant tout, mentionne-t-on de sources diplomatiques, se faire une idée précise concernant les possibilités d'affaires qu'offre le marché algérien. Son séjour, entièrement consacré à la « prospection », ne prévoit pas donc la conclusion d'accords. Néanmoins, l'on avance que la visite de Mme Simons sera suivie, durant les prochaines semaines, de celles de nombreux officiels britanniques. Des hommes d'affaires britanniques sont également attendus à Alger en marge du ballet diplomatique annoncé. Au plan strictement diplomatique, le séjour de Mme Simons - « chargée de la sécurité internationale » - permettra, indique-t-on de mêmes sources, d'approfondir le dialogue politique entre Alger et Londres. A ce propos l'on s'attend à ce que les discussions politiques abordent les aspects de la coopération algéro-britannique en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Un dossier sur lequel les discussions sont avancées, mais qui nécessitent néanmoins d'évoluer davantage. La diplomate britannique compte mettre aussi à profit sa présence à Alger pour préparer la réunion du G8 que présidera son pays en juillet prochain à Londres et à laquelle prendra part le président Bouteflika en qualité de représentant du NEPAD. Le regain d'intérêt subit des Britanniques - déjà très présents dans le secteur des hydrocarbures - pour le marché algérien n'est pas fortuit. Il correspond au moment précis où l'Etat algérien vient de donner un coup d'accélérateur aux privatisations des grosses entreprises publiques économiques. Le profil des ministres au menu des rencontres de la ministre d'Etat britannique « trahit » en tout cas une attention particulière pour les secteurs algériens des PME et de l'industrie. Des domaines où la présence des firmes britanniques reste assez timide en comparaison avec le dynamisme affiché par les entreprises françaises, américaines et espagnoles. Si la tournée de la diplomate britannique vise en quelque sorte à mieux connaître un pays - l'Algérie - appelé à devenir un des principaux fournisseurs d'énergie du Royaume-Uni dès l'entrée en vigueur, cette année, du contrat gazier entre Sonatrach et British Petroleum (BP), le point de situation qu'elle compte faire avec les officiels algériens pourrait ainsi être très bien sous-tendu par le souci de « rattraper le temps perdu » et de ne pas se laisser distancer, d'autant que les conditions posées par le gouvernement algérien pour la reprise des 1200 entreprises mises récemment en vente sont considérées comme avantageuses. Les importants investissements que compte consentir l'Etat pour appuyer la relance économique (50 milliards de dollars en cinq ans) semblent être aussi un autre argument de poids qui a décidé les Britanniques à reconsidérer leur appréciation concernant le marché national et à penser étoffer les échanges commerciaux hors hydrocarbures entre les deux pays. En comparaison, par exemple, avec les échanges algéro-français, ceux-ci peuvent paraître dérisoires. De janvier à octobre 2004, les exportations britanniques en direction de l'Algérie (en baisse par rapport à 2003) n'ont pas dépassé les 134,31 millions de livres sterling. Durant la même période, la Grande-Bretagne a importé d'Algérie pour l'équivalent de 343,6 millions de livres sterling. La faiblesse actuelle des échanges commerciaux algéro-britanniques et des investissements directs britanniques en Algérie, hors hydrocarbures, ne doit cependant pas cacher le fait que Londres a multiplié ces dernières années les initiatives pour « normaliser » ses relations avec Alger et inciter les hommes d'affaires britanniques à venir investir. Ces initiatives se sont traduites, notamment, dans le lancement de la coopération dans le domaine de la formation et la reprise des dessertes régulières de la British Airways. Le retour de cette compagnie aérienne a été d'ailleurs présenté comme un « signal fort » de la Grande-Bretagne en vue d'une réévaluation de la situation en Algérie.