Dans son intervention, elle relève que cela fait 16 ans qu'elle travaille sur les contes. Un pan de la mémoire collective à laquelle elle s'intéresse avec «passion». Ainsi, elle souhaite contribuer «à sauver au moins une partie de notre patrimoine oral. Car j'ai pris conscience que ces contes risquent de disparaître. Dans cinquante ans, on ne trouvera pas de conteurs». Les contes en question sont recueillis auprès des populations nomades des hauts-plateaux de Tiaret, dont Nora Acival est originaire, d'où cette «empreinte de nomadisme et de sédentarité qui les caractérise». Elle a effectué un travail de collecte de dix ans. «On ne raconte que des histoires qu'on aime. Une conteuse doit croire en l'histoire qu'elle raconte même si elle est fictive. Chaque conteuse est unique en son genre», explique-t-elle. Cependant, une telle vocation exige des qualités entre autres «avoir une bonne mémoire. En plus, pour être crédible, la conteuse doit s'oublier et disparaître derrière le conte, même si l'auditoire sait qu'il est fictif. Elle ne doit pas s'entourer d'accessoires. Elle s'habille d'une manière simple.» La même intervenante indique que les contes aiguisent l'imaginaire de l'enfant et suscitent son éveil. Ils sont utilisés par des psychanalystes pour soigner leurs patients. Dans ce cas de figure, le psychanalyste est tenu de choisir son conte, qui doit être adapté à la situation du patient et à la nature de sa maladie. Notons que Nora Aceval a publié des recueils de contes en France. Il s'agit de L'Algérie des contes et légende (2003), Contes et traditions d'Algérie (2005), La science des femmes (Contes grivois du Maghreb) et Contes du Djebel Amour, tous les deux publiés au début de l'année en cours. Comme elle a participé à des colloques et collaboré à des revues sur le thème des contes.