Fernando Moran Calvo-Sotelo, ambassadeur d'Espagne en Algérie depuis deux mois, était à Oran pour animer le forum citoyen qu'organise mensuellement le journal Ouest Tribune à l'hôtel Méridien. En prenant la parole, le représentant du royaume ibérique a déclaré que c'est après une carrière de 37 années qu'il atterrit enfin à Alger, à la tête de l'ambassade de son pays, ce dont il avait envie depuis longtemps. Interrogé par les journalistes sur le phénomène de la migration clandestine qui, dans sa grande majorité, met le cap sur les côtes ibériques, Fernando Moran Calvo-Sotelo reconnaît que l'Espagne est effectivement le premier pays d'Europe à recevoir les migrants clandestins : «La semaine dernière, en une seule journée, nous avons reçu 900 migrants qui étaient partis d'une plage de l'est du Maroc. Le taux de réception des migrants a triplé en 2018 par rapport à 2017. Tous les jours, nous recevons des migrants et le gouvernement espagnol, en coopération avec la société civile et spécialement la Croix-Rouge espagnole, fournit de grands efforts. La Croix-Rouge est chargée de l'accueil de ces migrants et du début du processus d'intégration dans la société. On fait des efforts vraiment extraordinaires. Je ne sais pas si vous vous rappelez, il y a trois mois, l'incident dans un bateau avec à son bord 400 personnes qu'aucun pays européen n'a voulu recevoir. Il a été accueilli par l'Espagne, au port de Valencia. Pour nous, l'assistance aux personnes en danger est une priorité. Nous allons continuer à faire de notre mieux pour, premièrement, sauver les gens qui meurent pour traverser la Méditerranée, et, deuxièmement, accueillir ces personnes qui arrivent de manière irrégulière. Bien sûr, il y a un règlement à appliquer, mais le respect de la vie humaine et l'accueil des personnes est une priorité. Je pense que nous l'avons démontré ces dernières années.» Beaucoup d'autres points seront décortiqués par l'ambassadeur d'Espagne. Ainsi, concernant les échanges culturels, «ils se portent bien» selon son analyse, et il en veut pour preuve le département d'espagnol de l'université Oran2, qui a soufflé, ces jours-ci, sa 50e bougie. Cela fait dire à Fernando Moran Calvo-Sotelo qu'il s'agit du plus vieux département d'Afrique qui enseigne la langue de Cervantès. Il a précisé aussi que l'Institut Cervantès de même que le consulat d'Espagne n'ont jamais fermé leurs portes en Algérie, pas même durant la décennie noire. «D'un point de vue culturel, l'Oranie est une priorité pour nous», a-t-il dit, avant de signaler qu'il a assisté, il y a une dizaine de jours, à un séminaire, à Oran, sur les fortifications espagnoles et qu'il y aura prochainement un concert de musique espagnole dans la capitale de l'Ouest algérien. Concernant le visa, l'ambassadeur d'Espagne parlera des efforts fournis par le consulat espagnol à Oran. «Nous avons commencé à augmenter le nombre du personnel pour le visa pour ne pas être trop débordés. Nous avons obtenu déjà une première augmentation du personnel et il y en aura une autre au début de l'année prochaine. Nous ferons aussi un effort pour que les délais soient plus courts. Cette année, nous allons arriver, seulement à Oran, à la délivrance de presque 80 000 visas. Mais en échange, il faut que vous acceptiez qu'il y ait une limite dans l'effort humain. Je ne peux demander au personnel du consulat de travailler 20 heures par jour. Cela dit, on a pour objectif d'augmenter le nombre de visas pour les Algériens tout en réduisant le délai du rendez-vous». Il faut aussi savoir que le tourisme est la première industrie en Espagne. Rien que l'année dernière, le royaume ibérique a accueilli 78 millions de touristes étrangers, ce qui est pratiquement le double de la population espagnole. Cela dit, force est d'admettre qu'il n'y a pas, ou peu, d'investissements espagnols en Algérie en matière de tourisme. Pour l'ambassadeur – qui insiste qu'il s'agit là d'une appréciation et non d'une critique – cela est dû au fait que l'Algérie, jusqu'à maintenant, n'a pas tellement prêté d'importance à ce secteur. «Sinon, l'expérience espagnole est là !»