Les prix du pétrole ont repris jeudi au-dessus des 50 dollars le baril aussi bien à New York qu'à Londres, un niveau qu'ils n'avaient pas connu depuis plusieurs mois. Cette remontée au-dessus des 50 dollars est due surtout à l'annonce faite par la Réserve fédérale américaine d'acheter des bons du Trésor américains jusqu'à 300 milliards de dollars pour relancer le crédit et augmenter son programme de rachats de titres adossés à des actifs immobiliers de 750 à 1250 milliards de dollars. Cette injection massive d'argent, si elle a provoqué un recul du dollar, a néanmoins été bien accueillie par le marché dans la mesure où elle peut relancer le crédit.L'effet sur les prix du pétrole a été immédiat avec un gain de près de trois dollars et demi dans la journée de jeudi. Ces éléments qui peuvent aider à la reprise ont conforté l'action de l'OPEP qui a réussi à maintenir les prix du pétrole entre 40 et 45 dollars depuis le début de l'année 2009, malgré la plus grave crise économique que le monde ait connu depuis 1930. En cinq mois, les pays de l'OPEP ont réussi à réduire leur production d'environ 3,5 millions de barils par jour, ce qui représente un record par rapport aux anciennes actions de réduction opérées par l'Organisation. Il reste encore environ 800 000 barils par jour à enlever du marché par rapport aux décisions prises par l'Organisation et lorsque le taux de 100% sera atteint, la stabilité autour des 50 dollars le baril pourra être aisément confortée. La prochaine réunion du G20 pourrait aussi apporter un plus au marché.La baisse des prix du pétrole a déjà pénalisé beaucoup de projets de développement dans le secteur. Des projets de construction de raffineries ont été reportés dans plusieurs régions du monde. Des projets de développement de gisements de pétrole ont aussi été ajournés à cause du manque de visibilité sur les prix. Si les prix ne se redressent pas encore, le risque est grand de voir l'industrie pétrolière stagner et ne pas pouvoir répondre à temps à la demande future de l'économie mondiale. Même les investissements dans les énergies nouvelles et renouvelables sont menacés par les prix bas du pétrole. Cet aspect est admis actuellement aussi bien par les pays producteurs que par les pays consommateurs ainsi que par les institutions qui défendent leurs intérêts, comme l'Agence internationale de l'énergie (AIE). C'est le consensus auquel est arrivé le séminaire international organisé par l'OPEP sur le futur du pétrole, mercredi et jeudi passés, avec comme principale conclusion que le recul des investissements à cause de la baisse des prix prépare la pénurie.