Après une semaine marquée par un mouvement baissier dû notamment à une augmentation des stocks américains, le marché pétrolier a repris quelques dollars durant la semaine qui vient de s'écouler à cause, notamment, des inquiétudes sur des problèmes de disponibilité de l'essence aux Etats-Unis et de la poursuite d'une forte croissance de l'économie chinoise, deuxième consommateur de pétrole brut au monde après les états-Unis (8% et 25 % respectivement). Aussi bien à New York qu'à Londres, le baril a pris plus de 4 dollars par rapport à sa cotation située aux alentours de 50 dollars le baril de la semaine de la mi-avril.Le marché pétrolier reste marqué par la volatilité des cours, situation qui gêne aussi bien les pays membres de l'Opep que les grands pays consommateurs. Mais les prix résistent toutefois au-dessus de la barre des 50 dollars le baril. Cette situation est due en grande partie aux nouvelles en provenance d'Asie, notamment de Chine où les statistiques rendues publiques mercredi indiquent une poursuite de la croissance estimée à 9,5% au premier trimestre 2005 (sur un an). Selon le bureau national des statistiques, la progression du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre 2005 serait égale à celle enregistrée sur l'ensemble de l'année 2004. Cette donnée maintient les prix du pétrole à un niveau élevé et démontre aussi que les autorités n'arrivent pas à refroidir la croissance pour faire baisser la demande en pétrole et stabiliser les prix. Récemment encore, les autorités chinoises s'étaient engagées à maintenir le taux de croissance à environ 8% durant l'année 2005. Si l'année passée une grande partie des observateurs n'avaient pas trop vu la demande chinoise arriver, pour cette année, les chiffres publiés en Chine sont suivis de très près et le marché a été influencé cette fois puisque, dès mercredi, les cours ont réagi à deux événements : la baisse inattendue des stocks aux Etats-Unis et la progression de l'économie chinoise qui enregistre encore un très fort taux de croissance. Les prix ont grimpé deux jours successivement sur deux facteurs : mardi, sur des informations de problèmes dans deux raffineries aux Etats-Unis et, mercredi, à l'annonce des baisses des stocks aux Etats-Unis. Le baril a pris environ deux dollars avant de se stabiliser. Le marché a été très sensible à la fermeture d'une raffinerie appartenant au géant Valero pour des raisons de maintenance et aux difficultés rencontrées par la compagnie Conoco-Philips dans sa raffinerie située en Louisiane. Les problèmes de raffinage aux Etats-Unis continuent d'influer directement sur le marché pétrolier à l'approche de la « Driving Saison » et la faiblesse du dollar pousse les Américains à voyager chez eux et donc à consommer beaucoup d'essence que d'habitude, surtout avec l'utilisation des 4x4. Les prix sont encore remontés vendredi à l'annonce de la persistance du problème dans la raffinerie de Conoco-Philips (255 000 b/j). Augmentation Vers 16h GMT, les prix ont franchi la barre des 55 dollars à New York comme à Londres, soit un gain de plus de 5 dollars à New York et 4 dollars à Londres par rapport à la semaine précédente. A New York, le baril de brut Light Sweet Crude valait 55,60 dollars tandis qu'à Londres le Brent valait 55,29 dollars. Dans ce contexte, l'activité des fonds spéculatifs ou « Hedge Funds » est de plus en plus décriée et son effet sur les prix serait d'environ 10 dollars le baril, selon plusieurs analystes. Toutefois, cette activité est motivée par la baisse des taux d'intérêts et l'orientation de la recherche du gain sur le marché des matières premières, notamment le marché à terme pétrolier qui offre de bonnes positions. Même les dirigeants de l'Opep avouent leur impuissance à agir directement pour arrêter la volatilité du marché et stabiliser les cours à un niveau acceptable pour encourager l'investissement et éviter d'agresser l'économie des pays consommateurs afin de protéger la croissance de l'économie mondiale. Cette situation a amené le ministre saoudien du Pétrole, cité par des agences de presse, à déclarer, à Paris lors d'un sommet international tenu jeudi dernier et consacré au pétrole, que « l'Arabie Saoudite n'est pas responsable du prix du pétrole sur le marché ». « Nous essayons de répondre à nos clients, Nous n'avons dit non à aucun client nous demandant du pétrole supplémentaire », a-t-il ajouté. Le ministre saoudien s'est même permis une plaisanterie en indiquant : « Mais vous pouvez trouver des clients pour nous et nous les envoyer, nous serons très heureux de satisfaire leur demande. » Concernant la hausse des prix, le ministre saoudien a mis en cause les problèmes de raffinage et a engagé son pays à augmenter sa production dans la perspective d'une hausse importante de la demande vers la fin de l'année 2005. La situation actuelle du marché pétrolier et les inquiétudes sur l'approvisionnement, surtout vers la fin de l'année lorsque l'hiver pointera, ont pratiquement anesthésié les acteurs principaux de ce même marché. Pratiquement tout le monde mise et espère un ralentissement de la demande pour éviter une pénurie. C'est ce qui explique la course contre la montre pour augmenter les stocks et disposer d'un matelas pour la demande de l'hiver prochain.