La campagne électorale débute doucement en France. Les partisans du président candidat, favorisés par des moyens logistiques et humains conséquents, prennent leurs marques. Des représentants des six candidats, seuls ceux d'Abdelaziz Bouteflika se sont manifestés auprès de notre rédaction. Aucune nouvelle des autres. Même les services administratifs consulaires chargés des modalités pratiques du déroulement du vote n'ont pas été en mesure de nous renseigner. Paris De notre bureau La campagne du président sortant est coordonnée à Paris et sa région par deux parlementaires : Abdelaziz Abdelmadjid, député FLN de la zone 1, chargé des circonscriptions dépendant du consulat général de Paris et le sénateur Mohand Benyounès qui est, pour sa part, chargé des départements limitrophes de Paris. Abdelaziz Abdelmadjid dispose de deux bureaux de permanence, l'un situé au boulevard Haussmann, un des quartiers chics de Paris, et l'autre rue Charbonnière, dans le quartier populaire de Barbès. En sa qualité de représentant du FLN, Abdelaziz Abdelmadjid animera un meeting à Argenteuil ce dimanche. Un grand meeting, temps fort de la campagne du président candidat à Paris, aura lieu le 28 mars à la Maison de la chimie, située rue Saint Dominique, dans le 7e arrondissement, un quartier qui abrite des ministères et des sites prestigieux comme les Invalides. La salle aurait été payée et offerte par un militant, selon Abdelaziz Abdelmadjid, que nous avons rencontré vendredi dans sa permanence de la rue Charbonnière. Ce meeting devrait être animé, selon toute vraisemblance, par le directeur national de la campagne du président Bouteflika, Abdelmalek Sellal. Au cours de ce meeting, un message du président candidat sera lu. D'autres meetings sont programmés, notamment à Lille, Marseille, Lyon. A Marseille, la campagne de Bouteflika sera aussi conduite par deux directeurs, Mustapha Zeroual du RND et M. Benfakhar du FLN. Azzedine Abdelaziz est très serein. Et pour cause ! Le seul compétiteur de cette élection étant le taux de participation, le candidat qu'il représente sera élu. Il en est sûr, mais à partir de quel taux de participation ? Celui-ci sera d'au moins 50%, avance-t-il avec la plus grande assurance. D'où vient cette certitude ? D'un sondage que ses équipes sont en train de réaliser, nous affirme-t-il. Ce sondage indique que « les électeurs veulent donner au président Bouteflika les moyens de sa présidence ». Et de nous expliquer que dans cette conjoncture mondiale tourmentée, « il y a intérêt à avoir un bon capitaine. Cette crise internationale fait peur. Et les Algériens de France vivent dans cet environnement ambiant d'inquiétude et d'incertitude ». Autre argument de notre interlocuteur : « Les Algériens de France sont patriotes et ils se disent que leur contribution, c'est le bulletin de vote. » Puis, prenant à témoin un vieux bénévole qui revenait de la mosquée où il a distribué des appels de soutien, seuls cinq ou six papiers ont été rejetés. « C'est un indice », nous dit avec contentement Abdelaziz Abdelmadjid. A noter que l'appel a été tiré à 10 000 exemplaires ; des affiches font également l'objet de tirages. Autre argument, « d'ordre national » celui-là. « Ce sont les acquis, il n'y a pas mieux que les émigrés » qui reviennent chaque été au pays « pour constater les progrès réalisés. » C'est l'un des principaux mots d'ordre de campagne des partisans du président candidat. Abdelaziz Abdelmadjid nous affirme qu'il n'a pas encore été sollicité par les radios communautaires pour un débat contradictoire. « Je souhaiterai débattre, y compris avec ceux qui boycottent le scrutin. » Concernant le budget de la campagne – serait-ce une question taboue ? – Abdelaziz Abdelmadjid nous dit qu'à ce jour (vendredi) il n'y a pas de budget. Par ailleurs, l'ancien ambassadeur d'Algérie à Paris, Mohamed Ghoualmi, a été dépêché d'Alger pour animer des rencontres-débats avec des membres de la communauté. La première rencontre a eu lieu vendredi soir, à la faveur d'un dîner-débat à la Grande Mosquée de Paris avec des invités minutieusement choisis. La seconde rencontre aura lieu mardi soir, également pour un dîner-débat, aux salons Vianney. Nous reviendrons dans une prochaine édition sur ces deux rencontres. Il est à préciser que le vote hors d'Algérie se déroulera du 4 au 9 avril. Et l'une des caractéristiques sociologiques des électeurs en France est leur âge : les plus de 60 ans représentent la tranche la plus importante avec 31% de l'ensemble du corps électoral. Un tiers des électeurs âgés de plus de 60 ans La communauté algérienne en France compte 776 218 électeurs répartis dans les 18 circonscriptions consulaires. C'est Bobigny, en Seine-Saint-Denis, qui vient en tête avec 85 575 inscrits, suivie de Vitry-sur-Seine avec 79 053 inscrits et Paris arrive en troisième position avec 73 873 inscrits devant Marseille (69 840 inscrits), Lille (64 118), Lyon (61 066), Nanterre (42 608), Metz (35 355), Grenoble (34 985), Strasbourg (23 630), Saint-Etienne (23 065), Nice (22 765), Toulouse (20 207), Besançon (19 860), Montpellier (17 927), Bordeaux (17 387) et Nantes (13 605). Particularité de l'électorat algérien en France : il est majoritairement composé de personnes âgées. Ainsi, les plus de 60 ans représentent 31% de l'ensemble (235 033) et la part la plus faible est la tranche 18-20 ans avec 1% (9745) ; la deuxième tranche la plus importante est celle des 31-40 ans (22%, 168 895) devant les 51-60 ans (112 476, 14%) et les 41-50 ans (149 172, 19%). Les 776 218 électeurs en France auront à leur disposition 134 bureaux de vote, dont 76 délocalisés.