Les candidats et leurs représentants se sont relayés, jeudi sur les plateaux des chaînes de télévisions étrangères, notamment Al Djazira et Abou Dhabi. C'est ainsi, qu'en début d'après-midi, Ali Benflis annonce la couleur, en faisant état de fraude massive, en particulier à Alger-Centre, ou d'après lui, près de «13.000 bulletins de vote ont été glissés en faveur d'Abdelaziz Bouteflika». L'invité de la chaîne Abou Dhabi a réitéré, à l'occasion, sa menace de recourir à la rue, si la volonté populaire n'est pas respectée. D'autant plus, estime Benflis, que d'après les rapports établis par les représentants des candidats, Djaballah, Sadi et Benflis, il est pratiquement impossible qu'un des six prétendants à la magistrature suprême décroche la majorité dès le premier tour, affirmant qu'un deuxième tour est inévitable. Benflis, qui a tenu à témoin l'opinion publique nationale et internationale, quant aux retombées des dépassements constatés, a tenu, en premier lieu Bouteflika pour principal responsable d'éventuels dérapages. Il est utile de rappeler que quatre heures avant la fermeture des bureaux de vote, des rumeurs les plus folles ont couru dans les coulisses du Centre international de presse, donnant le président candidat gagnant avec 75% des suffrages. Ce qui conforte les craintes des trois candidats, qui, à la veille du scrutin ont évoqué, un «complot» fomenté par le clan présidentiel, consistant d'après eux, à annoncer la victoire de Bouteflika avec 53 à 55% des suffrages, avant même le dépouillement des voix et l'établissement des PV. Le même constat a été fait dans un communiqué rendu public par les candidats contestataires et dans lequel ils ont carrément appelé à l'annulation des résultats du scrutin qu'ils avaient auparavant averti de ne pas reconnaître en cas de fraude avérée. Par ailleurs, dans un communiqué, la direction de campagne de Bouteflika a estimé que les trois candidats anticipent sur les faits et lancent «un appel franc à désobéir à la volonté populaire». Un appel, poursuit la direction de campagne, qui apparaît comme une résultante logique d'une série de prises de position et de déclarations que leurs auteurs ont répétées à satiété...et où se manifeste une claire volonté de recourir à la rue pour imposer le fait accompli sans tenir compte des conséquences catastrophiques qui peuvent advenir d'un tel procédé. Pour le staff de M. Bouteflika, la réaction des trois candidats, «expression d'un échec annoncé et porteur de graves dangers pour la nation... vise à instaurer une régression vers les années de la fitna et de périodes de transition sans fin». D'ailleurs dans une déclaration à la presse présente au CIP, le directeur de campagne de Bouteflika, a, tout en anticipant sur la victoire de son candidat, à une heure seulement de la clôture des bureaux de vote, a justifié ses propos par le discours franc développé par Bouteflika lors de la campagne électorale. Sellal rappellera les grands chantiers des réformes, la réconciliation nationale, le retour des grands équilibres macroéconomiques, et le rôle joué par Bouteflika en vue de redorer le blason de l'Algérie sur la scène internationale. Concernant les doutes entretenus autour de la crédibilité de l'opération électorale, Sellal estime que toutes les garanties étaient réunies pour un meilleur déroulement du scrutin et que la réaction des trois candidats «manifeste un esprit d'aventurisme, qui entend refuser le choix des électeurs et porter atteinte à la sécurité des citoyens et à la stabilité du pays». Entre-temps, une information faisant état d'un rassemblement, à 22h à la place du 1er-Mai, des partisans des candidats contestataires avait circulé parmi les journalistes qui se sont rendus, illico sur les lieux où un imposant dispositif de sécurité a été déployé rappelant la tristement célèbre grève insurrectionnelle de l'ex-FIS en 1991. Ce qui fera dire à M.Sellal, en guise de réponse à ceux qui menaçaient de recourir à la rue, que ce genre d'actions n'ont d'autre objectif que celui de faire basculer le pays dans une autre tourmente d'anarchie et de violation de la loi.