Hier, des inconnus ont agressé à coups de pierres le cortège de campagne de M. Ali Benflis à Aïn Defla. Pris à partie, le leader du FNA, Moussa Touati a été blessé. Il y a quelques jours, nous avons signalé dans ces colonnes mêmes l'incendie, par des hommes cagoulés, de la permanence du candidat Bouteflika à Aïn Defla. Le siège du MSP à Sidi Bel Abbès avait été mis à sac par des visiteurs indélicats. Apparemment l'adage «la fin justifie les moyens» semble faire des émules au sein de la classe politique nationale qui n'hésite pas à recourir parfois à la force pour imposer ses idées à une société restée pour le moment indécise dans son choix quant à l'élection du prochain chef de l'Etat. En effet, et, au fur et à mesure que la campagne gagne en intensité, plusieurs dépassements et dérapages sont signalés par trois candidats à savoir: Benflis, Bouteflika et Sadi. Les trois autres candidats, Louisa Hanoune, Ali Fawzi Rebaïne et Saâd Abdallah Djaballah n'ont dénoncé jusqu'à présent aucun «dépassement ni dérapage» dont ils seraient victimes. Pour eux, c'est comme si la campagne électorale se déroulait dans de bonnes conditions. Dans ce chapelet d'accusations, les partisans de Benflis et de Bouteflika se rejettent la balle alors que Sadi accuse directement le cercle présidentiel et à un degré moindre une frange du mouvement citoyen de Kabylie «à la solde d'Ouyahia». Faudra-t-il vraiment recourir à ce genre de pratiques anticonstitutionnelles et antidémocratiques pour convaincre les citoyens de la justesse d'un programme ou bien la fraude a-t-elle déjà commencé? Est-ce à dire que ces attaques entrent dans le cadre d'une guerre médiatico-psychologique et font partie intégrante d'une stratégie électoraliste dans le but de discréditer son vis-à-vis aux yeux de l'opinion publique? De ce fait, nombre de citoyens émettent des doutes du fait que les acteurs font fi des règles du jeu dictées par la Commission nationale politique de surveillance de l'élection présidentielle (Cnpsep). D'ailleurs, cette dernière n'a jusqu'à présent pas réagi fermement pour remettre les choses dans l'ordre. Si en Kabylie, les dérapages s'expliquent par le rejet des archs de toute échéance électorale jusqu'à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur, il n'en est pas de même dans les autres régions. Après le saccage, mercredi passé, des sièges d'Ali Benflis et d'Abdelaziz Bouteflika dans la ville de Tazmalt, ce week-end, ce fut au tour de la ville d'Akbou de vivre une journée mouvementée. En effet, il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour que M. Saïd Zerguini, coordinateur des comités de soutien de Bouteflika puisse tenir son meeting à la salle de cinéma de la ville. Hier encore c'est au tour de la cellule de communication de la direction de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika de monter au créneau pour dénoncer l'agression d'un colleur d'affiches, membre du bureau communal RND d'Alger, par huit individus au niveau du tunnel des Facultés dans la nuit de jeudi à vendredi. Au-delà de l'indignation «légitime» qu'il suscite, un tel acte, condamnable à tout point de vue, qui intervient dans un contexte marqué par une surenchère politicienne n'honore guère la pratique démocratique en Algérie. Cette multiplication des tentatives d'intimidation suivies de violences physiques a commencé depuis le début de la campagne. En effet, le candidat Saïd Sadi a été la première victime de ces dérapages quand une cabale judiciaire a été montée de toutes pièces visant à lui confisquer son siège national de la rue Didouche Mourad qui a été, d'ailleurs, pris pour cible par un groupe porteur d'armes de poing. Auparavant il avait dénoncé les pratiques illicites du clan présidentiel d'avoir «lâché ses troupes pour des affiches sauvages et des violences sur autrui». De son côté, la direction de campagne d'Ali Benflis a interpellé à plusieurs reprises la Cnpsep sur certaines irrégularités constatées dans plusieurs wilayas à l'instar de Ghardaïa, Aïn Defla et Alger où, soutient-elle, l'administration est employée au service de la campagne du président-candidat. Il ne fait aucun doute que les différents candidats à la présidentielle d'avril, qui sont eux-mêmes victimes de ces agissements, ne cautionnent pas ces actes indignes qui visent à souiller leur image auprès de l'opinion. Aucun candidat ne souhaiterait voir mêler son nom à ces pratiques d'un autre âge. La tolérance et le respect de l'opinion de l'autre est le premier fondement de la démocratie. S'il est permis de défendre son programme électoral par des arguments valables, en revanche rien n'autorise ces dépassements et ces dérapages. Les auteurs de ces actes sont vraiment mal inspirés et quelque part ils ne rendent pas service au candidat pour lequel ils roulent. Comment voulez-vous que les électeurs confient le sort de la maison Algérie à un candidat qui avalise les agressions et le langage ordurier, et favorise le régionalisme et le tribalisme? A l'entame de cette deuxième semaine de campagne, il est sûr et certain que les électeurs sauront faire la part des choses et distingueront le bon grain de l'ivraie.