L'Algérie, qui a fait partie des 100 pays participants au 5e Forum mondial de l'eau à Istanbul, a annoncé par la voix de son ministre délégué aux Collectivités locales, et ministre par intérim des Ressources en eau, Daho Ould Kablia, la consécration d'un budget de 19 milliards de dollars durant le prochain programme quinquennal pour le secteur des ressources hydriques. A la fin de l'année 2009, l'Algérie disposera de 72 barrages d'une capacité globale de 7,4 milliards de mètres cubes et d'une capacité d'épuration de 600 millions de mètres cubes à travers la réalisation de 40 nouvelles stations d'épuration. Ould Kablia a évoqué, entre autres mesures, le lancement d'un programme de réalisation de 13 stations de dessalement de l'eau de mer à travers le littoral algérien pour la mobilisation à partir de 2011 de 2,3 millions de mètres cubes par an. Par ailleurs, la Libye est en voie d'achever son gigantesque projet de pompage de l'eau souterraine enfouie dans le Sahara. D'un montant de 33 milliards de dollars, ce projet baptisé Grand fleuve artificiel, qualifié de pharaonique, permettra à ce pays voisin d'alimenter en eau potable ses villes côtières du Nord. Présenté lors du Forum mondial de l'eau, ce projet a fait réagir des experts qui y voient une menace sur la stabilité dans la région. Comme le souligne l'experte des questions de l'eau au Conseil de recherche national, en Italie, Eugenia Ferragina, le projet de Kadhafi est « absurde d'un point de vue économique et crée une source de tensions potentielles avec les pays voisins. Cela peut devenir une course au pompage, une course pour voir qui arrivera à extraire l'eau en premier », a-t-elle annoncé. Et au spécialiste des questions de l'eau à l'Union internationale pour la conservation de la nature d'attirer l'attention sur le danger d'un tel projet sur l'assèchement de la terre, car cette eau ne sera jamais remplacée. Il est à rappeler que l'Algérie, qui a des frontières avec la Libye, partage aussi avec ce pays de grandes quantités d'eau souterraine et seul le partage des eaux de surface figure dans leurs accords bilatéraux, les mêmes accords d'ailleurs entretenus avec la Tunisie. Cette eau partagée est le profond Continental intercalaire s'étendant sur 600 000 km2 et d'une profondeur de 1000 m, entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye.