La Fédération des travailleurs du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique a décidé hier d'accorder un délai de 15 jours aux pouvoirs publics afin d'annuler la décision de la SGP Indjab, proposant la dissolution de 18 entreprises de ce secteur. « Si dans 10 à 15 jours la Société de gestion des participations de l'Etat (SGP) ne revient pas sur cette décision, nous n'hésiterons pas à recourir à tous les moyens possibles », ont ainsi menacé les représentants de la fédération. Réunis au siège de l'UGTA à Alger, en présence du secrétaire national de la centrale chargé des affaires économiques, Lakhdar Badredine, les syndicalistes de ce secteur ont à l'unanimité qualifié d'arbitraire la décision de dissoudre des entreprises « jugées viables » et sacrifier ainsi quelque 6000 postes d'emploi. S'engageant officiellement à plaider la cause des travailleurs, M. Badredine a affirmé qu'il compte d'emblée saisir le secrétaire général de l'UGTA afin d'interpeller directement les pouvoirs publics sur le sort de ces 18 entreprises proposées à la dissolution. « Pour nous, a-t-il dit, le problème ne se situe pas au niveau de la SGP, mais plutôt au niveau du gouvernement de qui émanent les directives appliquées par les SGP. » « Comment peut-on concevoir, s'est-il interrogé, qu'un pays qui consacre 50 milliards de dollars à la relance économique puisse dissoudre des entreprises relevant d'un secteur qui devrait justement être impliqué dans cette démarche de relance. » Et d'avertir : « Même si nous sommes conscients qu'on ne peut pas s'opposer à la privatisation des secteurs non viables, les décideurs ne doivent pas penser pour autant qu'on est dupes. Il faut qu'ils se rappellent que l'UGTA reste avant tout attachée à l'intérêt des travailleurs. » De leur côté, les représentants syndicaux du secteur du bâtiment ont exprimé leur indignation à l'égard de l'attitude de la SGP Indjab qui, avaient-ils dénoncé, « a décidé de proposer 18 entités publiques à la dissolution et 15 autres à la privatisation sans consulter ni les syndicats ni les gestionnaires de ces entreprises ». Citant en exemple l'entreprise de production de plâtre à Ghardaïa, ils ont affirmé que cette entité « est proposée à la liquidation alors même qu'elle dispose d'équipements rénovés et qu'elle réalise des résultats bénéficiaires ». De même, a souligné le représentant du syndicat de l'entreprise ERCA-Batos (bâtiment et ouvrages spécialisés), « la SGP a décidé de dissoudre notre société du fait qu'elle accuse un déficit de 38 milliards de dinars, mais en réalité l'ERCA détient sur l'Etat des créances impayées qui s'élèvent à pas moins de 56 milliards de dinars. » Et de lancer : « Ce qui se passe actuellement dans le secteur du bâtiment n'est autre qu'une action de sabotage économique caractérisée. » Ainsi mobilisés sous l'égide de la fédération des travailleurs du bâtiment, les représentants syndicaux de ce secteur ont adopté, en définitive, une déclaration finale à travers laquelle ils réclament non seulement l'annulation des décisions de dissolution d'entreprises, mais aussi un règlement rapide de toutes les créances impayées dues à ce secteur. Dénonçant, par ailleurs, le fait que l'Etat impose aux entreprises publiques de construction un tarif administré de 14 000 DA le m2, contre 21 000 DA pour les entreprises privées et étrangères, les syndicalistes réclament à cet effet une mesure d'alignement des prix, de façon à mettre fin à ce traitement jugé discriminatoire.