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Mouloud Feraoun – Albert Camus, les mots pour le dire
Publié dans El Watan le 20 - 04 - 2006

Feraoun, pour sa part, publiait Les chemins qui montent, son troisième roman, où la critique du colonialisme est sans appel. Entamée en 1951 par une timide et contrite lettre, la correspondance entre les deux écrivains – dont on n'aura et à ce jour – que la version unilatérale de Feraoun puisque les lettres de Camus à ce dernier sont restées secrètes – un plaisantin affirme qu'elles auraient été affichées dans des maisons de la culture en Kabylie – (ce qui aurait conféré à cet acte un sens intolérable et inadmissible, car Feraoun est un auteur national et non régional encore moins régionaliste)- la correspondance s'interrompt ( !?) pour la seconde fois après la dernière lettre de 1957, c'est-à-dire après les félicitations de Feraoun à Camus et avant la disparition de Camus dans le tragique accident de circulation en janvier 1960 près de Sens. Depuis plus rien, ou du moins, rien ne nous est parvenu à ce jour encore.
Dans la toute première lettre de 1951, Feraoun s'adresse à Camus. Mais la déférence n'occulte pas pour autant des vérités crues : «J'ai pensé simplement que, s'il n'y avait pas ce fossé entre nous, vous nous auriez mieux connus, vous vous seriez senti capable de parler de nous avec la même générosité dont bénéficient tous les autres.
Je regrette toujours, de tout mon cœur, que vous ne nous connaissiez pas suffisamment et que nous n'ayons personne pour nous comprendre». (M. Feraoun, Lettre à A. Camus, Taourirt-Moussa, le 27 mai 1951) Etonnante lettre. Feraoun entre en amitié avec Camus sans la moindre complaisance. Mieux encore, cette incompréhension que Feraoun souligne en 1951 et qui plus est s'adresse au célèbre journaliste auteur de l'enquête sur Misère de la Kabylie n'est-elle pas la meilleure preuve de désaveu de cette enquête ou du moins de ses conclusions fort discutables ?
Six années plus tard, six années de silence partagé et c'est Feraoun qui brise la camisole que s'était imposée A. Camus en proie à un profond sentiment de stérilité, dont il confie la douleur et la profondeur à son ami René Char. A l'occasion du prix Nobel, Feraoun écrit à Camus sa deuxième lettre que A. Kassoul commente comme suit : «Six ans plus tard, Mouloud Feraoun écrit à Camus le 30 novembre 1957 : ‘'Cher ami,
N'attachez aucune importance, aucune signification au silence des écrivains musulmans” (Lettre à Camus, 1957, p. 206)
Ce jour-là, l'amitié est présente, même si elle reste formelle. Feraoun se soucie de l'état d'esprit de l'exilé parisien. Trois années après le déclenchement de la révolution armée, Camus paraît inquiet du silence des «écrivains musulmans», lui qui avait imposé une inexistence muette aux indigènes musulmans dans l'univers de la création. Ni le reproche ni l'humour ne sont pas présents à ce nouveau rendez-vous épistolaire. Tout se passe comme si – à la faveur de quel événement précis ? -, Mouloud Feraoun venait en aide à un ami en proie au désarroi.
«Lorsque Roblès, notre ami commun, me parle de vous, il me rapporte jusqu'à vos secrètes pensées que vous ne lui celez jamais et j'en suis arrivé à être au courant de vos opinions, de votre angoisse, de votre souffrance. Croyez-vous que vos confrères vous connaissent de la sorte, même s'ils vous comprennent et vous apprécient mieux que je ne puis le faire ?» (Lettre à A. Camus, 1957)
Les accents de sincérité ne trompent pas et nous rendent encore aujourd'hui, dans toute leur force, la présence d'un homme rayonnant de chaleur humaine et qui, tel un bon maître, poursuit sa leçon. A un Camus souffrant, il raconte l'histoire vraie d'une fille de «terroriste» sauvée par des soldats et des médecins français, tandis que dans la logique de la guerre le père mourait sous la torture. «Des histoires de ce genre, ou d'un autre genre, il y en a des centaines comme vous savez. Elles ont toutes le même caractère, le même visage : l'image de votre pays.
Un matin, j'ai vu sur ce visage crispé se dessiner un imperceptible sourire qui n'était pas de douleur, c'était l'annonce du prix Nobel. Alors je me suis précipité à la poste pour envoyer mon télégramme sans en avoir soufflé mot à personne. Avec l'espoir qu'il vous apportera à son tour, ce sourire imperceptible.» (Lettre à Camus, 1957)


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